Trail de Bourbon 2018 : Leçon d’humilité

Récit complet de ma grande aventure sur le Bourbon 2018

Cilaos, vendredi 19 octobre 2018 - 21h00

Ce trail de Bourbon fut pour moi l'occasion de me plonger dans l'inconnu, de sortir (plus que je ne l'aurai imaginé) de ma zone de confort pour explorer de nouveaux horizons. Une expérience incroyable qui sans nul doute m'aura marqué pour longtemps !

Plongée dans l'inconnu

Depuis de nombreuses années déjà je rêvais, sans trop vraiment oser me lancer, de participer à cette course mythique qu'est le Grand Raid de la Réunion.

Ne me sentant pas capable de réussir un tel défi, j'ai très longuement hésité avant d'opter pour un compromis : me tester sur le trail de Bourbon, petite soeur de la Diagonale, mais déjà un très gros morceau en soit !

Avant cette course, je n'étais jamais parvenu à terminer une course de plus de 100km, ma seule tentative s'était soldée par un échec, un de mes rares abandons ! En terme de durée, je n'avais jamais été au delà de 12h30 de course... et là j'en aurai au minimum pour 18-19h !

Tout cela sans compter sur des conditions climatiques spécifiques (chaleur, humidité,...) et un parcours que je ne connaissais absolument pas.

Un objectif (trop) ambitieux...

Mes différentes simulations de calcul ainsi que ma position dans la liste des favoris pouvait me laisser entrevoir une belle perf ! Malgré tout, de nombreux facteurs m'amenèrent à prendre tout cela avec la plus grande prudence... et de ne pas négliger des solutions de replis au cas où tout ne se passerait pas comme prévu.

Des indicateurs pas franchement au vert

Il n'était pas nécessaire d'être devin pour savoir, dès le début qu'il serait probablement compliqué de rentrer dans les objectifs de résultats :

  • pas de préparation spécifique, hormis quelques randos à Fontainebleau
  • un mois de septembre chargé, avec 2 trails longs en 2 semaines
  • le 10km du Raincy le dimanche avant la course, pas franchement approprié
  • un départ tardif (le dimanche soir) pour la Réunion et une nuit blanche dans l'avion, impossible à digérer en  4 jours
  • peu de temps pour s'acclimater
  • méconnaissance totale du terrain
  • ...

Une stratégie à deux vitesses

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, il était absolument nécessaire d'adopter une stratégie spécifique pour être en mesure d'aller au bout, quoi qu'il arrive, car l'objectif réel était bel et bien avant tout de terminer et rien d'autre !

C'est grâce à un travail de préparation mentale et de visualisation que j'ai pu mettre en place cette stratégie, que l'on pourrait qualifier de suicidaire, mais qui au final aura très bien fonctionné :

Partir sur des bases élevées avec mon habituel esprit de compétition, puis si les choses ne tournent pas comme prévu basculer dans un tout autre mode : celui du finisher dont le seul but est de voir l'arrivée.

Là encore, une belle plongée dans l'inconnu pour moi qui jusqu'à présent n'avais jamais envisagé une course sous cet angle. Mais je me le suis juré, je n'ai pas fait 10000km et plus de 11 heures d'avion pour ne pas fouler la piste du stade de La Redoute et ce quoi qu'il puisse en coûter !

Le grand jour

Le jour tant attendu est enfin arrivé et il n'est plus temps de reculer, l'appréhension et cette peur de l'inconnu ne me lâchent pas, les interrogations sont nombreuses et je n'ai absolument aucune idée de ce qu'il va advenir de cette aventure !

Tout commence par deux bonnes heures de routes pour atteindre le point de départ à Cilaos, en empruntant cette fameuse route aux 400 virages... heureusement notre hôte chez qui nous avons élu domicile pour notre séjour a l'extrême gentillesse de nous accompagner et même de nous conduire... un petit stress en moins à gérer !

Arrivés sur place, il faut terminer de se préparer, puis trouver le stade et suivre la procédure spécifique à cette épreuve : passage par un contrôle des sacs, puis mise en cage dans ce qu'ils appellent la Fosse (le stade) en attendant patiemment qu'on nous libère pour rejoindre le départ. Un petit stress supplémentaire pour moi qui suis habitué à arriver à la dernière seconde sur les lignes de départ...

Le départ !

C'est dans une ambiance de folie avec une foule très nombreuses aux abords du stade et tout au long de la route que le départ est donné.

Je m'élance prudemment tout en imprimant un bon rythme pour ne pas me retrouver dans d'éventuels bouchons et pour rester sur mon allure prévue.

Très vite je ressens quelques douleurs au niveau du dos qui m'obligent à gérer mon allure, mais malgré tout, je suis tout à fait dans le tempo prévu. Cette première ascension de 1400m de D+ en à peine 10km se passe bien.

J'arriverai dans mes temps prévisionnels, à savoir en 1h56 au gîte du Piton des neiges. Je passe en 77ème position, mais aucune inquiétude à avoir, c'est tout à fait conforme au plan de marche.

Je commence à comprendre...

Je le savais, la première descente allais être compliquée et technique, mais même si je m'y étais préparé, je ne m'attendais pas à un tel chantier ! Et pourtant, je ne le sais pas encore, mais cela ne sera pas la pire... et loin de là !

Dire que je n'étais pas à l'aise sur ce terrain très accidenté n'est qu'un doux euphémisme ! Je dois faire face à un champ de pierres plus ou moins vertical sur lequel je progresse... à la vitesse d'un escargot !

Pendant que je galère dans cette descente trop technique pour moi, je n'ai de cesse de me faire déposer par des coureurs qui, tels des cabris sautent de pierre en pierre, de rocher en rocher.

Malgré tout, et même si j'y laisserai quasiment 20 minutes de plus que prévu ! Je me dis que c'est la partie la plus difficile, que je pourrais rattraper mon retard par la suite. Je reste donc focus sur ma course et dès que je le peux, je relance et tente de courir un peu, ce qui me permet, à chaque fois, de remonter quelques places.

Un moment de répit

Alors qu'on nous avait indiqué qu'elle était plutôt délicate, la fin de la descente entre Bélouve et Hell-Bourg est finalement assez roulante, ce qui me permet de me relancer un peu. Au ravitaillement je ne fais qu'un arrêt éclair avant de reprendre mon chemin sur une portion bitumée en descente très facile.

La montée suivante vers la Plaine des Merles ne présente guère de difficultés... si ce n'est le dénivelé à avaler, mais j'y suis bien plus à mon aise que dans les descentes ! Cela ne m'empêche pas de continuer à céder du terrain sur mes prévisions, mais rien de bien grave pour autant, et petit à petit je commende ma remontée dans le classement.

Plaine des Merles : clap de fin !

Arrivé au ravito en 7h11... soit environ 50' de plus que mon plan, je suis remonté à la 65ème place !

Néanmoins ce point me sera fatal, sans doute un peu plus déshydraté que je ne le pensais, sans doute ai-je déjà trop puisé dans mes réserves... A la sortie du ravito, je suis pris d'une irrésistible... envie de vômir... et ne peut y résister !

C'est déjà la fin de mes espoirs, et je commence à envisager le pire : l'obligation de jeter l'éponge... après moins de 40 kilomètres !

Il est impossible de concevoir de poursuivre si je ne trouve pas une solution, et très rapidement ! En même temps, perdu au fin fond de Mafate, je n'ai d'autres solutions que de poursuivre, au moins jusqu'au Maïdo... où je pourrais dire stop et monter dans la voiture et mettre un terme à cette souffrance !

Lire la suite de mon aventure...

 


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