Saintélyon 2015 : La der des der…

La Saintélyon 2015

dimanche 06 décembre 2015 - Saint-Etienne - 00h00

Rassurez-vous, malgré le titre de mon article, je n'ai pas décidé de raccrocher les baskets, bien au contraire ! Je compte bien poursuivre sur ma lancée de 2015 pour essayer de faire encore mieux en 2016 !

Seulement voilà, si j'avais déjà hésité après l'édition 2014, je suis maintenant convaincu, cette 5ème Saintélyon sera pour moi la dernière ! Si la course en elle même reste une très belle épreuve, je suis blasé, lassé et n'ai plus envie de remette le couvert. Trop de choses me déplaisent et vont à l'encontre de mon état d'esprit, trop de contraintes également pour parvenir à prendre du plaisir sur cette épreuve.

Etre pris pour une vache à lait par une machine à faire de l'argent, traité comme du bétail, d'abord entassé dans un bus, puis parqué dans un hangar pendant des heures avant de pouvoir s'élancer, et pour finir n'avoir même pas un endroit digne de ce nom à l'arrivée pour se changer (j'ai dû piquer une chaise dans le village pour pouvoir me poser quelques instants, surveillé par 2 vigiles qui attendaient de récupérer leur bien, dès fois que je parte avec, ou pire qu'un autre puisse en profiter !).

Si pour une fois les conditions météos furent plus que clémentes, je ne peux pas oublier les éditions précédentes, dans le froid et le verglas. Oui, je n'aime pas le froid, je n'aime pas commencer une course à minuit, alors pourquoi recommencer ? Pour atteindre mon objectif de rentrer dans le top50, voir mieux ? Difficile à atteindre tant le niveau est relevé... alors tant pis, je préfère en rester là, sur une édition 2015 durant laquelle j'aurais presque atteint mes objectifs et qui me laissera malgré tout un bon souvenir, laissant ainsi place à d'autres défis qui ne sont pas encore définis.

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Revenons maintenant sur terre et à la course proprement dite avec mon compte rendu :

Le récit de ma 5ème Saintélyon :

Tout commença donc comme d'habitude, par une longue journée d'attente à se préparer mais surtout à essayer de se reposer pour être au top à l'heure H. Peu avant 20h je me suis donc rendu à la Halle Tony Garnier pour faire la queue et prendre ma navette, direction Saint-Etienne pour 3 bonnes heures d'attentes dans ce magnifique hangar ! Tout le temps pour me préparer tranquillement, discuter un peu avec les autres concurrents, essayer de me mettre dans ma bulle, même si cela fût compliquée puis retrouver mon pote Elric vers 23h.

Les conditions de course s'annonçaient idéales, sans doute même un peu trop à mon goût car la douceur des températures, l'absence de neige, de verglas et quasiment pas de boue allaient donner la part belle aux purs routiers ! Je le sais d'entrée, cette année ça va aller vite, très vite, et probablement trop pour que je puisse m'exprimer totalement !

Il est minuit précises lorsque, après une minute de silence à la mémoire des victimes des attentats, le départ est donné. Contrairement aux années précédentes, je ne me suis pas positionné en toute première ligne, volontairement je me suis mis, légèrement en retrait (pas bien loin non plus, faut pas exagérer). Comme d'habitude, n'ayant pas eu de dossard préférentiel (pourtant ma 53ème place de l'an dernier aurait dû me permettre d'en avoir un...) j'ai été obligé de passer par dessus les barrières pour entrer dans le sas...

Je prends un départ prudent, du moins c'est ce que je crois, car je boucle le premier km en 4'17".. puis le second en 4'07". Les premières petites bosses dans Saint-Etienne me permettront de réguler un peu ma vitesse et de ralentir un peu, mais dès qu'il y a une petite descente, je me laisse porter et me retrouve quasiment à 15 km/h. Néanmoins je n'ai absolument pas l'impression de forcer, et je déroule tranquillement. Je croise mon pote Laurent Desmet, échange quelques mots d'encouragements puis prends quelques distances à la faveur d'une petite descente.

Nous nous croiserons plusieurs fois, moi plus à l'aise en descente et lui plus efficace en montée, avant qu'il ne prenne définitivement le large. Il faut dire que j'avance un peu dans l'inconnu, je n'ai pas vraiment digéré mon périple argentin et ne suis pas très sûr de pouvoir tenir toute la course sans craquer. Je préfère donc être prudent et me ménager, quitte à laisser un peu filer.

Au 7ème km, les choses sérieuses commencent et nous abordons une longue montée qui, grosso-modo durera environ une dizaine de kilomètres avec seulement quelques replats. Je lâche du lest et laisse partir les coureurs plus téméraires ou imprudents. Je me cale sur mon propre rythme, oubliant tout ce qui se passe autour. Malgré tout, je suis surpris de constater que je suis moins à la ramasse que d'habitude, je tiens un bien meilleur rythme et les gars sont moins nombreux à me déposer. C'est de bon augure pour la suite ! Le travail effectué depuis cet été semble être efficace et porter ses fruits !

Peu avant le 10ème kilomètre nous quittons la route pour les chemins, bien moins boueux et glissants qu'à l'accoutumée, il est possible d'y courir vite, cela change ! Je profite des quelques rares portions descendantes pour reprendre quelques places et passe au 10ème km en 47'42" soit avec déjà près de 3' d'avance sur mon roadbook !

Les kilomètres défilent à une vitesse incroyable, me voilà déjà au niveau du premier ravitaillement à Saint-Christo en Jarest ! J'y passe en 1h12'33" .. en 161ème position. Ce que je pensais se confirme, cela va très très vite ! A ce moment je dois me situer à environ 1 ou 2 minutes de la première féminine, c'est un bon repère pour moi qui m'indique que, malgré tout, je suis dans le coup !

Je ne prends pas le temps de m'arrêter à ce point et continue directement, sans passer par la case ravito. Malgré tout, la côte étant raide, je marche pendant quelques dizaines de mètres avant de basculer sur une portion un peu plus descendante. Je poursuis ma route sans encombres, très à l'aise en descente, je rattrape le temps perdu en côtes. Car si je suis bien mieux que d'habitude, tout doucement mais surement, je commence à faiblir un peu dans toutes les portions ascendantes.

Je passe au 20ème km en 1h41'47" soit avec environ 5' d'avance sur mon plan. Tout va bien, d'autant que nous allons bientôt commencer à redescendre et donc aborder des portions plus favorables pour moi. Je poursuis lentement ma remontée dans le classement, mais je le sais, cela va être compliqué. Il fait toujours aussi bon et les chemins sont toujours aussi roulants, c'est bon pour le chrono, mais pas pour la place finale, mais qu'importe, l'essentiel est de réaliser le meilleur temps possible, et de ce côté cela semble bien engagé !

J'arrive à Sainte-Catherine en 2h19'... avec toujours mes 5' de marge sur mon roadbook, comme je le craignais, ma remontée n'est pas fulgurante, je pointe désormais au 141ème rang ! Il va falloir cravacher, c'est certain ! Mais va aussi falloir tenir compte de la forme générale de la bête, qui n'ai pas totalement au top. Attaquer donc, mais sans se cramer ! Difficile équation à mettre en oeuvre, d'autant que les jambes ont de plus en plus de mal à grimper, heureusement que je peux encore compenser dans les descentes pour limiter la casse, mais je commence à serrer un peu les dents.

La suite ne sera finalement pas une balade de santé, et il me faudra puiser dans mes ressources pour tenir le cap, difficile à mettre en oeuvre lorsque l'on est pas au top de sa forme, qu'on est fatigué de sa longue saison et qu'on a du mal à trouver une motivation pour se dépasser. Néanmoins je m'accroche à mes temps de passage, pas question de laisser filer le temps, de se laisser submerger !

Je rattrape de plus en plus de coureurs, et puise dans chacun d'eux une motivation pour aller chercher le suivant, bien que j'en doute un peu, je me dis que j'ai peut-être encore une chance d'atteindre mon objectif, ce fameux top50, purement symbolique. Je relance dans les descentes, me maintient sur le plat et tente de limiter la casse dans les montées. Quelques uns, de moins en moins nombreux, parviennent encore à me reprendre dans les côtes.

Ma route croise alors celle de David Hardy, parti un peu trop vite, je le rejoins et nous faisons un petit bout de chemin ensembles, au gré des difficultés du parcours, nous nous croiserons ainsi plusieurs fois, avant que je ne prenne définitivement le dessus sur lui un peu plus tard.

A Saint-Genoux, au km 40, je passe en 3h34'42"... en 110ème position, ma remontée s'accélère, les plus imprudents lâchent prise et ma course commence réellement ! J'ai toujours mes 5' d'avance sur mon roadbook, cela va être tendu, mais pour l'instant ça passe ! Le plus difficile est derrière moi, il me reste certes quelques belles montées à venir, mais globalement le profil est désormais majoritairement en descente, c'est tout bon pour moi, qui suis toujours à l'aise dans cet exercice !

Ma remontée se poursuis, gentiment, à mon rythme, je gère mon état de forme, même si cela commence à être plus difficile, le chemin est encore long, même si par moment nous avons une vue magnifique sur la ville de Lyon, illuminée au loin au fond de la vallée. Je pourrais sans doute aller un peu plus vite, mais je n'arrive pas à puiser d'avantage dans mes réserves, la peur de coincer dans les dernières côtes m'incite à rester prudent. Et j'ai raison de me méfier, car les montées sont de plus en plus pénibles, je marche beaucoup en tentant de m'économiser, sans perdre trop de temps.

Malgré les apparences, ma gestion de course est bonne, car même si j'ai l'impression de me traîner, je passe au 50ème en 4h29'45"... et suis maintenant en avance de plus de 7' sur mon planning, c'est bon signe ! cela faisait quasiment 30 bornes que je ne reprenais rien et voilà que la tendance s'inverse... dans le bon sens ! De quoi me donner une motivation supplémentaire, d'autant qu'à Soucieu me voilà enfin dans le top 100.. à la 85ème place. Il reste encore du boulot à faire et il va falloir poursuivre mon effort dans les 20 derniers km !

Le profil m'offre un petit moment de répit avec une longue descente qui me permet de dérouler avant d'attaquer l'une des dernières difficultés du parcours. Une nouvelle fois j'en profite pour doubler quelques concurrents, nous commençons à rattraper les retardataires de la Saintexpress, ce qui complique un peu la lisibilité de la course, d'autant plus que le chassé-croisé avec les relayeurs s'intensifie. Mais au moins, je ne me sens pas seul sur le parcours et croise régulièrement des coureurs !

Au dernier ravitaillement me voilà 66ème avec un écart stable par rapport à mon plan. Je suis conscient à ce moment là qu'il me sera très difficile de rentrer dans le top50, j'ai beau poursuivre ma remontée cela sera trop juste, c'est maintenant évident ! Malgré tout, je ne dois rien lâcher, je veux absolument terminer sur une bonne note, finir en beauté ma dernière Saintélyon.

La dernière grosse montée qui se présente devant moi est terrible, implacable, telle un mur qui se dresse devant les coureurs, j'essaie bien de l'aborder en courant, mais je dois vite me résigner à marcher, à marcher du plus vite que je le peux. Je donne tout ce qu'il me reste de forces.

Cela fait quelques kilomètres que je fais la course en compagnie d'une demoiselle accompagnée d'un relayeur. Je suis persuadé qu'il s'agit d'une coureuse de relais. Tantôt je passe devant, tantôt je perds un peu de terrain, mais je ne m'en soucie guère. J'apprendrais bien plus tard, après l'arrivée, qu'en réalité il s'agissait de la première féminine... cela me laissera un petit regret, après coup, de l'avoir finalement laissé filer à quelques kilomètres de l'arrivée. Si j'avais su, je me serai accroché, pour symboliquement, terminer devant la première fille !

Revenons à nos moutons, à cette fameuse (presque) dernière côte qui fait mal, très mal aux jambes, mais qu'il importe de passer au plus vite. Les jambes se font lourdes et une fois en haut, la relance se fait difficile, d'autant que je le sais, il reste encore 2 petits raidillons à négocier, comme si nous n'en avions pas eu assez !

Juste quelques instants de répit et ça remonte de nouveau, avant de redescendre par un chemin sinueux, très joli, aux travers des bois. J'en profite pour me dégourdir les jambes et repartir à la charge, mais c'est sans compter sur le dernier petit raidillon du parcours, une courte mais terrible côte qui vient à bout de mes dernières forces.

Le plus difficile est fait, reste encore à redescendre vers Confluence et se manger le sympathique escalier où les jambes, mécaniquement, avancent quasiment toutes seules, sans qu'on leur demande quoi que ce soit, si ce n'est de faire attention à ne pas s'emmêler les pinceaux.

Derniers kilomètres, avec un passage le long du fleuve avant de remonter par la nouvelle passerelle en direction de Tony Garnier. Dans la descente, un coureur me dépasse, mais je ne peux réagir, je n'en ai plus la force ni mentale ni physique. Alors que nous remontons au niveau des berges par un escalier qui fait bien mal aux jambes, je constate que ce coureur n'a pas réussi à faire le trou.

Il ne reste qu'un tout petit kilomètre, j'essaie d'accélérer la cadence, je reprends quelques mètres, mais mon adversaire en fait de même, l'écart qui me sépare de lui doit être d'une vingtaine de mètres, tout au plus.

Sur la passerelle, j'accélère encore, mais en vain, l'écart ne diminue pas. A ce moment, j'ai envie de baisser les bras, de le laisser filer, de m'avouer vaincu. Mais à environ 300m de l'arrivée, mon orgueil se réveille, je ne peux renoncer sans combattre ! Et dans un dernier élan, proche du désespoir, je me lance dans un sprint dont j'ai le secret !

Rapidement je fais la jonction et, sans même réfléchir, je lui fais l'extérieur à l'amorce du dernier virage. Tentative désespérée, car je n'ai absolument aucune marge, le moindre contre de sa part ruinerai ma tentative. Mais contre toute attente, aucune réaction de sa part, mon pari fou est réussi ! je le devancerai d'une toute petite seconde sur la ligne d'arrivée... pour prendre au final la 59ème place du classement général !

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Une fois la ligne franchie, je pousse un 'ouf' de soulagement, voilà j'en ai terminé avec cette course, avec cette Saintélyon qui rythmais mes hivers durant ces 5 dernières années ! Et si je n'ai pu atteindre mon objectif d'entrer dans le top50, en revanche au niveau chrono je ne peux qu'être satisfait, car avec un temps de 6h33'50" je pulvérise mon record sur l'épreuve !

Pratiquement 14' de mieux que l'an dernier avec un parcours certes rendu plus roulant grâce à la météo mais plus accidenté et avec plus de dénivelé que jamais ! Je ne peux qu'être fier de ce résultat, et éventuellement regretter de n'être pas arrivé ici au top de ma forme, car je pense que je pouvais encore faire mieux... mais seulement voilà c'est ainsi que s'achève mon histoire avec cette course, ses bons côtés et ses moins bons et maintenant, place à de nouvelles aventures sur d'autres courses qui ne demandent qu'à être explorées !

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