Trail Yonne 110k : Autopsie d’un échec

2ème édition du Trail Yonne - 3/4 mai 2014

C'est au départ de la très jolie ville de Sens que les organisateurs de 'The Trail' nous avaient conviés pour participer à cette fête de la course nature. Fort du succès de la première édition, c'est au total pratiquement 1200 trailers qui s'étaient données rendez-vous pour en découdre sur les différentes courses proposées.

Il y en avait pour tous les goûts : de 18 à 110 kms, chacun devrait trouver chaussure à son pied lors de cette épreuve. Avec en plus la particularité, pour ceux qui auraient eu l'appétit plus gros que le ventre de bifurquer sur une distance inférieure en cours de route.

Si personnellement je regretterais les trop longues portions de bitume, des chemins très roulants et pas vraiment techniques, j'en retiendrai la beauté de certains points de vue ainsi que la gentillesse et la disponibilité de l'ensemble des bénévoles et organisateurs.

Mon défi :

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Pour la première fois, je m'étais donné pour objectif de dépasser la barre mythique des 100 kilomètres en m'inscrivant sur l'épreuve phare du week-end : The Trail 110 kms.

Même si j'abordais cette course sans pression et sans préparation spécifique, elle devait être un test important qui conditionnerai la suite que j'allais donner à ma saison 2014 ainsi que mes objectifs futurs dans les années qui viennent.

Elle allait surtout me permettre de voir si oui ou non je parviendrai à battre mes vieux démons et surtout cette satanée déshydratation qui pourri bon nombre de mes courses.

Ce test allait être à la hauteur de mes interrogations, même si le verdict sera très loin d'être celui que j'espérais en venant à Sens ce week-end !

Le récit de mon Trail Yonne - 110 kms

En ce samedi après-midi, le temps est idéal pour se lancer dans une telle aventure, il ne fait pas trop chaud et le vent, souvent présent dans la région de Sens, rafraîchit l'atmosphère.

Après un long briefing où les organisateurs nous expliquent toutes les recommandations et conseils à retenir pour que la course se déroule au mieux, le départ est donné à 15 heures précises (ou presque !).

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3 courses s'élancent simultanément : le 63k, le 85k et le 110k. Il s'agit donc d'être vigilant et de ne pas se laisser entraîner par le rythme des autres courses. Je démarre très tranquillement, malgré cela je me retrouve pratiquement en tête de peloton dans le premier kilomètre.

Je me fais rapidement rejoindre par Christophe Le Boulanger, que j'ai croisé à l'éco-trail et au marathon de Paris, nous échangeons quelques mots d'encouragements mutuels et je le laisse filer vers l'avant. Peu après je croiserai Stéphane Aitaissa qui terminera à une brillante 4ème place du 63 km !

Ma stratégie est clairement définie : je dois partir tranquille, m'économiser pendant les premières heures pour ne pas trop 'transpirer' ! Je m'applique donc à suivre mon plan, et dès la première montée je lève le pied et passe en marchant. Laissant ainsi passer de nombreux coureurs des autres courses.

C'est difficile de se retenir lorsque l'on sait pouvoir courir et que l'on s'astreint à marcher en laissant partir les petits camarades ! Mais la course est longue et la différence se fera bien plus tard !

Je continue donc sur cette stratégie : courir tranquille sur le plat, marcher dans les côtes, je m'autorise juste quelques accélérations dans les descentes histoire de garder le tempo et de rattraper un peu de monde, sans pour autant taper dans les réserves.

Arrivé au premier ravitaillement au km 8, je prend le temps (fait assez rare) de m'arrêter, de faire coucou à Péline, qui m'accompagne sur cette course, prendre quelques tucs et noix pour repartir en marchant sur quelques mètres.

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Cette partie du parcours est assez monotone, composée de grandes portions de bitumes, et de côtes assez longues mais pas franchement difficiles. Je reste concentré sur mon rythme, et même si je prends un peu d'avance sur mon plan de marche dans les descentes, je reste toujours sur le bon rythme.

Un peu plus loin Péline m'indique que je suis 16ème. C'est un peu loin à mon goût, mais j'ai encore largement le temps de remonter. Je poursuis toujours sur mon tableau de marche, et tout doucement je commende à remonter des coureurs du 110 mais également des autres courses qui sont partis sans doute un peu trop vite. Je rejoins la première féminine, Stéphanie, avec qui j'échange quelques mots avant de poursuivre ma course en avant.

Au 26ème kilomètre, je passe au second ravitaillement, sur le quel je prends une nouvelle fois tout mon temps, pas de stress, pas de précipitations, je profite pendant quelques instants de l'ambiance chaleureuse et des animations. Je suis désormais 14ème, tout doucement l'oiseau fait son nid ! et suis toujours en phase avec mon plan de route.

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La suite du parcours est un peu plus agréable avec quelques points de vues magnifiques qui nous font profiter de toute la beauté de cette région dont je ne connaissais que la piste de Karting (située de l'autre côté de Sens à Soucy...). Au niveau des sensations, si quelques petits signes de fatigue et quelques douleurs font progressivement leur apparition, les voyants sont toujours au vert et ma remontée se poursuit sans encombres.

Je passe au marathon en un peu moins de 4 heures et me retrouve rapidement au ravitaillement de Saint Julien du Sault. Je suis maintenant dans le top 10, à moins d'un quart d'heure du podium. Je prend le temps de me ravitailler et de boire 2 ou 3 gorgées d'Ice-tea. Ce petit geste banal scellera le glas de mes espoirs et sera à l'origine de ma déroute !

A peine reparti du ravitaillement, une soudaine nausée m'envahi, je ralenti, marche, respire, me concentre,... bref je fais tout ce que je peux pour que cela passe... mais rien à faire, le mal est fait, il est trop tard ! Voila que mes vieux démons me rattrapent une nouvelle fois !

Quelques secondes plus tard, je n'ai d'autre choix que de tout évacuer... je vous épargne les détails de l'action ! Même si je refuse l'évidence, je sais déjà que tout est fini, l'arrivée est à plus de 60 kilomètres, je ne parviendrais pas à tenir jusque là !

Malgré tout, je me refuse à accepter l'échec, après avoir marché tranquillement pendant une ou deux minutes, je me remets en route, presque comme si de rien était. Le pire c'est que je me sens bien, pas de fatigue, pas de nausée et des jambes qui répondent encore à ce que je leur demande ! Sans cet excès brutal de sucre qui m'a entièrement déstabilisé, il est fort probable que j'aurais pu aller beaucoup plus loin !

Habitué à ce genre de situation, je vais tenter tout doucement de remettre l'estomac à l'endroit. Pendant près d'une demi-heure je vais le laisser tranquille, sans boire quoi que ce soit, je me contenterai de m'asperger d'eau de temps en temps pour refroidir la machine et ne pas aggraver les choses. Je maintien malgré tout un bon rythme, un peu en dessous, mais proche de mon objectif.

Progressivement, par toute petites gorgées très espacées, je recommence tout doucement à m'alimenter, j'approche alors de Villeneuve sur Yonne. Progressivement je commence à ressentir les effets de la déshydratation et la fatigue commence tout doucement à s'installer. A Villeneuve j'aurais pu choisir de bifurquer sur le 85 ou bien même m'arrêter là, mais puisque je ne vais pas encore trop mal, que je ne suis pas à l'arrêt, je me décide à poursuivre ma route. Il sera toujours temps de voir lorsque je repasserai par Villeneuve... dans 25 kms !

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Un arrêt ravitaillement rapide, je ne prends rien, je n'ai quasiment rien consommé depuis le précédent point et ce dont je dispose devrait largement me suffire pour cette boucle. Je demande à Péline d'aller aux Bordes, aux environs du 71ème km, au cas où une nouvelle défaillance surgirait.

Malgré cette baisse de régime, je suis maintenant 9ème et poursuis donc ma remontée dans le classement ! Mais pour moi, cela n'a plus guère de sens, je lutte simplement pour rester dans la course.

Même si je parviens à prendre quelques gorgées de liquide de temps en temps, cela reste bien insuffisant. J'alterne marche et course, et si je reprends un peu de poil de la bête dans les descentes, les côtes me sont de plus en plus pénibles.

Avant la tombée de la nuit, je passe devant un grand et magnifique lac, ce paysage somptueux me fait oublier pour quelques instants la course et mes tracas. La température est de plus en plus fraîche, mais dans mon cas, c'est une excellente nouvelle car cela me permet de ne pas surchauffer, il va cependant falloir que je pense à mettre la frontale et par la même occasion enfiler mon coupe-vent.

Cette opération nécessite que je m'arrêtes quelques secondes pour mettre en place mon équipement. Cet arrêt me sera définitivement fatal, dès ma remise en route, mon estomac est de nouveau pris de convulsions et tente de vômir ce qu'il peut. Ces convulsions durent plusieurs minutes avant de se calmer. Je sais qu'il me sera désormais impossible de remettre la machine en route.

Pour terminer, il me faudrait terminer à vide, sans aucune alimentation. Si je l'ai fait à plusieurs reprises sur 15 à 20 kms, c'est dans ce cas mission impossible : il m'en reste 47 !

Je me donne alors pour objectifs de rejoindre le village des Bordes où Péline m'attends, je verrai bien à ce moment là ce qu'il convient de faire. Sur un rythme très lent je continue à alterner marche dans les côtes et course dans les descentes. Je commence à ressentir quelques douleurs dans les tendons, notamment dans la cheville droite qui commence à devenir douloureuse.

Je n'ai plus la lucidité nécessaire pour prendre une décision, alors je laisse un message à Péline lui laissant le soin de décider pour moi. Je suis au fond de la forêt et les communications ne passent pas, quelques minutes plus tard, elle me rappelle, elle est en compagnie de deux bénévoles qui ont eu la gentillesse de l'accompagner en 4x4 sur le parcours pour venir me récupérer.

Quelques instants pour lui décrire l'endroit où je me trouve, sur une petite route, non loin d'une déchetterie. Rapidement les bénévoles me localisent et vont venir à ma rencontre sur cette petite route. Je continue à courir pour les rejoindre et lorsque la voiture se gare à mes côté, je réalise que c'est terminé.

Les bénévoles nous raccompagnent jusqu'au village des Bordes où je suis acclamé par toute l'équipe de bénévoles et d'organisateurs en place à cet endroit. Je les remercie infiniment pour leur gentillesse et leur accueil. Emu par leurs attentions et leur dévouement. Partout ailleurs, on m'aurait probablement laissé rentrer tout seul par mes propres moyens.

Ma course s'arrête là, au km 68, c'est mon second abandon depuis que je pratiques la course à pieds, mais à mon grand étonnement, je ne suis ni triste, ni déçu car j'ai eu le sentiment d'avoir fait de mon mieux et d'avoir pris la seule décision logique qui s'imposait à moi dans ces conditions.

Mes conclusions

J'étais venu dans l'Yonne pour cet ultra avec pas mal de questions, et forcément j'attendais des réponses... j'en ai eu, même si ce ne fût pas celles que j'attendais ou espérait !

Une telle claque aurait pu me déstabiliser, me dégoûter, me décourager, mais c'est tout l'inverse qui est en train de se produire. J'en ressort avec une motivation et une volonté décuplée.

On apprend beaucoup plus de ses défaites que de ses victoires, et finalement avec le peu de recul que j'ai sur cette course, cet abandon est peut-être la meilleure chose qui me soit arrivée !

Depuis quelques temps déjà je suis confronté à ce même problème, j'ai bien essayé différentes recettes, différentes solutions pour tenter de le résoudre, mais je pense que je ne suis pas allé jusqu'au fond du problème. Je n'ai pas pris le recul nécessaire pour me poser les bonnes questions.

Il me reste environ 2 mois avant mon grand rendez-vous avec le Raid du Morbihan, et je vais mettre tout en oeuvre pour que cette déconvenue ne soit plus qu'un lointain souvenir ! Pour la suite, mon programme risque fort d'être bouleversé afin de tenir compte des enseignements apportés par ce Trail Yonne !

Pour ce qui est du Trail Yonne, si je dois l'avouer, je n'ai pas été très emballé par le parcours, que j'ai trouvé globalement assez monotone avec trop de routes à mon goût, en revanche je garde une excellente impression des organisateurs et des bénévoles. Je tiens donc à les remercier pour leur accueil, leur gentillesse ainsi que pour la qualité du balisage que j'ai trouvé personnellement quasi parfait.

Je remercierai également Péline qui m'a accompagnée tout au long de cette épreuve et qui a fait un super boulot !!

J'espère revenir en 2015, probablement sur une distance plus courte, mais on verra bien ce qui se passera d'ici là !

Le classement du Trail Yonne :

Comme pour la première édition, c'est Guillaume Vimeney qui remporte haut la main la course en 10h12, avec plus d'une heure et 20 minutes d'avance sur Emmanuel Verrière et Christophe Le Boulanger. Le résultat de Guillaume est d'autant plus impressionnant qu'il a couru les Citadelles 15 jours avant, un trail de 70km le qeek-end précédent.. et un 'petit' 26km le 1er mai !

Tous les classements du Trail Yonne sur le site de l'organisation à l'adresse suivante :

Résultats Trail Yonne 2014


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4 réflexions au sujet de « Trail Yonne 110k : Autopsie d’un échec »

    1. effectivement, ce n’était qu’un test pour lequel je n’avais aucune préparation spécifique. C’est sans doute pour cela que je n’ai pas eu trop de mal à prendre la décision de stopper pour éviter de compromettre mes objectifs à venir..

    1. Merci Thierry, c’est gentil

      Ne soit pas déçu, cela fait partie de la course et avec le recul je pense que cet abandon me sera plus bénéfique que si j’avais terminé. de toutes choses il ne faut garder que le bon !!

      Sportivement

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