16 février 2014 – 10ème Gruissan Phoebus Trail
Premier grand rendez-vous de ma saison 2014, le Gruissan Phoebus Trail devait être pour moi l’occasion de marquer des points importants au classement du Trail Tour National 2014. Enfin, cela c’était la théorie, car dans la pratique, les choses furent bien différentes !
Même si les conditions météos furent plutôt clémentes en terme de températures, on ne peut pas dire que l’on a été gâté ! Pour l’une de mes rares excursions dans le sud de la France, j’espérais apercevoir le soleil, mais celui-ci restera timidement planqué derrière des nuages qui de temps à autre déverseront quelques averses, rendant les cailloux encore un peu plus glissants…
Bref, ce qui aurait dû être un super week-end de trail s’est transformé en une course mitigée, dommage au vu de la distance parcourue pour venir jusque là.
Mes soucis au tendon d’Achille du mois de janvier ne présageaient pas d’une grande performance, avec une préparation très perturbée et une douleur pas totalement disparue. Malgré tout, j’espérais au moins limiter la casse et faire une belle course.
Le récit de mon Gruissan Phoebus Trail
C’est sous un ciel nuageux, entre de petites averses, que nous nous regroupons tous sur la ligne de départ, à 9h10 en ce dimanche matin pour prendre le départ de ce Gruissan Phoebus Trail. L’ambiance sur la ligne est sympathique et de nombreux coureurs de l’élite ont répondu présent au départ. Le niveau promet donc d’être très relevé, et il sera difficile de réussir une grosse performance.
Le départ est donné, je me positionne rapidement derrière le groupe de tête composé d’une vingtaine de coureurs, le premier kilomètre est tout plat et ne présente aucune difficulté, pour ne pas compromettre la suite et réveiller mon tendon capricieux, je ne forces pas, malgré tout, le 1er km sera bouclé en 3’57 en ce qui me concerne.
Les choses sérieuses commencent très rapidement par un petit mur, assez court, mais très raide. Là non plus je ne forces pas pour me préserver, je laisse filer quelques coureurs, mais à ce moment là rien de bien grave, il me faut gérer mon effort et mon tendon. S’en suit une descente sinueuse sur un single qui ne permet guère les dépassements, je reste bien au chaud dans mon groupe et ne cherches pas à forcer.
Les premiers kilomètres ne présentent pas trop de difficultés, même si les pierres sont bien présentes sur le parcours, imposant la plus grande vigilance. Le tendon tient le coup et ne subit pas trop les chocs imposés par le parcours chaotique, c’est de bon augure pour la suite, mais ce qui l’est moins ce sont les difficultés que je rencontre dès que la pente augmente un peu, les cuisses chauffent et le rendement n’est pas au rendez-vous. A chaque montée je suis obligé de temporiser et je continue à glisser dans le classement.
La course est encore longue et je ne m’inquiète pas trop, même si je pointe maintenant aux alentours de la 60ème position. Plus nous progressons dans le massif de la Clape et plus les chemins deviennent difficiles de part la présence de nombreuses pierres qui imposent une extrême vigilance.
Je n’ai ni la technique, ni la fraîcheur et mon état physique ne m’autorise aucune prise de risques, je ne suis donc pas en mesure d’attaquer, même dans les portions plates qui se transforment souvent en champs de pierres.
J’ai beau essayer, il m’en manque un bout, impossible de rattraper du temps dans les descentes, dès que j’attaque un peu, je pars en glisse, et une première chute sur les fesses me calme un peu. Je m’accroche malgré tout en espérant trouver des terrains plus favorables par la suite. Sur les hauteurs, les points de vue sont magnifiques, mais pas question de se laisser distraire, sous peine de sanction immédiate.
Aux environ du 21ème kilomètre, nous abordons l’une des côtes les plus difficiles du parcours, les cuisses sont en surchauffe, le manque de puissance avéré, malgré tout, mon tendon tient toujours le choc et je ne m’en tire pas trop mal. Une fois sur les hauteurs, enfin quelques moments de répit avec une descente rapide sur un chemin très roulant, l’occasion pour moi de reprendre un rythme plus correct et de remonter un peu dans le classement.
Ce répit durera jusqu’ à la dernière grosse difficulté du jour, située juste après le premier ravitaillement, une côte assez pentue avec quelques passages techniques qui doit nous conduite vers la base militaire. Je me dis qu’une fois en haut le plus dur sera fait et qu’il ne faudra ensuite que gérer la fin de course… c’était décidément sans compter sur les difficultés à venir.
Certes, j’avais pris un peu de retard sur mon plan de marche, mais je n’imaginais pas du tout ce qui allait m’attendre entre le 30ème et le 40ème kilomètre, la difficulté allait être à la hauteur de la beauté des paysages traversés.
Une fois la base militaire passée, le chemin, bien que quasiment plat ou légèrement descendant, est un véritable champ de mines, chaque pas est un casse tête entre les rochers. Faire attention aux chevilles, ne pas se précipiter… à ce jeu là, les locaux sont bien plus agiles que moi !! Je me fais rattraper par quelques concurrents, puis dans un instant d’inattention, je passe tout prêt de la correctionnelle.
Je m’emmêle les pieds dans le tapis, butte sur une pierre, et gros roulez-boulez dans un champ de cailloux ! Par chance, rien de cassé et je m’ne sors avec une main en sang, un gros bleu sur la main et un autre dans le dos !
Me voila encore un peu plus calmé ! Finalement, le Gruissan Phoebus Trail est bien plus difficile qu’il n’y parait ! La suite sera un long calvaire dans une gorge caillouteuse, magnifique, mais au combien difficile pour les pieds !
A bout de force, un peu démoralisé, je n’ai plus pour objectif que de ramener la bête à l’arrivée, sans trop de bobos, je n’ai plus le mental ni les jambes pour attaquer, je remonte quelques places malgré tout, me fais rattraper par d’autres, mais rien n’y fait.
Au 40ème kilomètre, je sais, pour avoir fait une petite reconnaissance la veille, que le plus difficile est derrière moi, j’essaie tant bien que mal de relancer, mais en vain, à la moindre bosse, je suis contraint de marcher, les jambes ne veulent rien savoir !
Plus que 2 bosses, dont la dernière assez raide, dès que ça monte je me fais décrocher, je reprends un peu sur les portions plates. Sur les hauteurs, les vues sur Gruissan et le lac sont superbes et ce malgré un temps toujours maussade.
Arrivé en haut de la dernière côte je suis calé derrière un petit groupe de 4-5 coureurs, je me fais légèrement décrocher dans le début de la descente, assez délicate et reprends un peu lorsque cela se calme.
Il ne reste plus que 1,8km, et un petit tour le long du lac pour rejoindre l’arrivée, le petit groupe est à quelques dizaines de mètres devant moi, j’essaie tant bien que mal de revenir, reprends mètre après mètre, mais c’est insuffisant. Usé, blasé, en manque de forme et le moral en berne, je finis par laisser filer, je n’ai plus le courage de me battre.
A 300 mètres de l’arrivée, j’aperçois derrière moi 2 coureurs qui reviennent vite, mais dans un ultime sursaut d’orgueil je me refuse à subir cette dernière humiliation, et dans une dernière relance je parviens à garder ma position et à décourager mes poursuivants.
Au final, j’en termine en 4h56’01” à une bien triste 48ème place, qui ne m’enchante guère mais sommes toutes assez normale. Car si je tiens compte de mon état physique, du mois de préparation avortée, de mon tendon en délicatesse, de la difficulté du parcours qui par endroit était comparable à un parcours de montagne, et d’un plateau très relevé, je n’ai vraiment pas à rougir de cette position. Tout juste quelques regrets de n’avoir pas pu être au niveau pour défendre mes chances je jour J
Les résultats du Gruissan Phoebus Trail
Chez les hommes, la victoire revient à Patrick Bringer, tout juste devant un excellent Fabien Chartoire. Maxime Cazajous complète ce superbe podium.
Chez les femmes c’est Laurence Klein qui signe un retour gagnant devant Sylvaine Cussot, brillante seconde.
Résultat complet du Gruissan Phoebus Trail
Départ du 18km avec Mr Laurent Jalabert !
Petite photo avec deux très grands champions de l’ultra : Christophe Le Saux et Antoine Guillon