La Pastourelle 2016 : Inespéré !

La Pastourelle - Trail du Grand Cirque - 6ème manche TTN 2016

Samedi 21 mai - Salers - 08h00

C'est avec grand plaisir que me voilà reparti pour Salers à l'occasion de cette Pastourelle, l'une des courses que j'affectionne le plus, de part la beauté du parcours, la sympathie des gens et cette région que j'aime beaucoup.

Mon envie de venir disputer cette magnifique épreuve tient plus dans mon amour de cette région que dans la recherche de performance pure. Car, moi, petit coureur des plaines, que puis-je réellement espérer d'un parcours montagneux à souhait avec un dénivelé d'environ 2600m+ ?

Au mieux je n'osais à peine rêver plus qu'une 25ème place au final, qui pour moi aurait déjà été synonyme de victoire ! Certes, je suis mieux préparé que les années précédentes, mon travail de fond commence à donner quelques espoirs. Ma course de préparation à Millau deux semaines plus tôt, bien qu'aillant laissé quelques traces fût elle aussi bénéfique... mais de là à croire au miracle... fallait quand même pas pousser !

Même si cette course représentait l'un de mes objectifs majeurs de cette saison, c'est finalement sans vraiment de pression que j'abordais ce week-end à Salers. Profitant de notre arrivée sur place dès le jeudi soir j'ai eu le loisir de repérer certaines parties du parcours, notamment la montée au Puy Mary qui allait nous offrir quelques petits névés à franchir !

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Le récit de ma Pastourelle 2016

Après quelques jours de temps franchement moyen, c'est par une très belle journée (les locaux diront même la plus belle depuis le début de l'année) que nous allons pouvoir profiter de cette belle balade. Le soleil est au rendez-vous et il n'y a quasiment pas de vent... bref, un temps idéal !

Sur la ligne de départ j'ai le plaisir de retrouver Cyril Rabier avec qui nous nous étions tiré la bourre au mois de novembre dernier en Argentine. A peine le temps d'échanger quelques mots que le départ est donné. J'aurais l'occasion de le retrouver un peu plus tard sur le parcours.

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Un départ prudent

Contrairement à mes (mauvaises) habitudes, je décide de prendre un départ très prudent, histoire de laisser le temps à la machine de chauffer. Je prends même le temps de faire un petit coucou à Péline ma fidèle assistante !

A la sortie du village je dois pointer aux environs de la 40-50ème place, je ne saurai le dire exactement. Mais cela n'a guère d'importance car je sais qu'il va falloir rapidement entrer en action avec la première grosse côte qui se profile déjà à l'horizon.

Cette montée vers le Suc Cobru qui me fût fatale l'an dernier (en quelques centaines de mètres j'étais passé de la 15ème à la 100ème place !) allait être le premier indicateur de mon état de forme. Juge de paix du travail accompli depuis un an !

Premier test

A ma grande surprise, alors que j'avais déjà repris quelques places sur les premières petites pentes du parcours, je me trouve finalement plutôt bien dans cette montée. Certes quelques coureurs plus rapides que moi me dépassent, je dois également laisser filer Cyril avec qui j'avais parcouru les premiers km. Mais je dépasse moi aussi quelques coureurs... si bien que j'arrive en haut de cette montée aux environs de la 35ème position.

C'était tout simplement inespéré, je ne m'attendais pas à tenir ce rythme (plus d'une minute de gagnée par rapport à l'an dernier sur cette seule ascension). Malgré tout, je ne m'enflamme pas : la route est encore très longue, et même si je me sens bien, que je n'ai pas forcé, je ne suis pas certain de tenir comme cela jusqu'au bout !

Sur les Burons

Notre route se poursuit sur les Burons de Salers avec une alternance de montées et descentes assez régulières mais sur ce que j'appelle des "terrains à vaches" : de vastes prairies sans réellement de chemins, avec pour seules traces des sillons irréguliers et de nombreux trous dans lesquels il faut être vigilant pour ne pas y laisser une cheville !

Tout en faisant attention, j'essaie de profiter un maximum de ces paysages qui nous sont offerts, j'en prend plein les yeux, j'ai l'impression de me balader dans une carte postale !

Je poursuis sur mon tempo, sans trop en faire, en remontant progressivement quelques coureurs, en laissant partir un ou deux autres pour me maintenir aux environs de la 35ème position.

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Le premier ravito

Que le temps passe vite, me voilà déjà rendu au Col de Néronne, lieu du premier point de ravitaillement où je retrouve Péline. Quelques instants pour me rafraîchir et remplir mes réserves et me voilà reparti : j'ai déjà pratiquement 4 minutes d'avance sur ma meilleure estimation, et ce malgré un départ plus que prudent !

Descente périlleuse

Si les premiers kilomètres ne présentaient guère de difficulté, la descente vers le village du Falgoux allait très vite nous remettre les idées en place. L'humidité des derniers jours a transformé une bonne partie de cette descente... en un petit torrent.

Entre la pente, les pierres qui roulent, l'eau et les feuilles qui parfois masquent les dangers il fallait être plus que vigilent. Pas très à l'aise sur ce type de terrain, je dois me résoudre à laisser passer quelques coureurs plus agiles que moi. Mais pas question de prendre des risques inutiles, cela serait trop bête de tout perdre ici pour essayer de grappiller quelques secondes !

La suite me donnera raison car dans le bas de cette descente difficile je croise un premier coureur qui boîte et pour qui l'aventure se terminera malheureusement ici. A peine quelques centaines de mètres plus loin, je croise un second coureur qui à m'air encore bien plus mal en point. Je tente de le rassurer en lui indiquant que le prochain ravito est à moins de 2 km... mais pour lui aussi l'aventure s'arrêtera là !

Montée en puissance

Passé ce passage plutôt périlleux et qui je l'avoue ne me convenait guère, il était temps pour moi de rentrer dans le vif du sujet, juste avant la très longue montée vers le Rocher de l'Aygue.

Une petite halte rapide au ravitaillement du Falgoux pour refaire le plein et me voilà parti dans plus de 4 km de montée quasi continue. Une bonne partie de cette montée se fera en marchant, mais dès que la pente se fait légèrement plus douce (aux environs de 10% quand même) je me remets à trottiner.

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Commence alors mon irrésistible remontée. Un à un je rattrape les concurrents qui me précèdent et les laisse quasiment sur place ! Rarement je me suis senti aussi bien dans une côte et en plus je n'ai même pas vraiment l'impression de forcer ! Comme si ma plus grande faiblesse était soudain devenue l'un de mes meilleurs atouts !

Aux environs du 23ème km, à la faveur d'un lacet, je fais la jonction en visuel sur un petit groupe et ai la surprise d'y retrouver Cyril que je croyais parti bien loin ! J'ai du mal à y croire... tant il avait été facile en Argentine et m'avais laissé loin derrière !

La jonction avec Cyril

Il me faudra encore quelques kilomètres pour le rejoindre et faire un petit bout de chemin avec lui. Faut dire qu'il prend son temps le Cyril ! De temps à autre il s'arrête pour une petite pause photo... je lui doit d'ailleurs celle-ci et je l'en remercie encore au passage !

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Alors que pour la première fois depuis le départ j'ai un petit coup de moins bien et commence à ressentir un petit peu de fatigue je profite de l'élan que m'apporte Cyril qui a la gentillesse de m'accompagner, pour tenter de relancer un peu l'allure. Je pense alors que nous allons faire un bon morceau de chemin ensemble et qu'il pourra ainsi m'aider pendant encore de nombreux km !

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Le Puy Mary

Nous cheminons ainsi ensembles jusqu'au prochain point de ravitaillement situé juste avant la montée du Puy Mary. Alors que Cyril prend le temps de se ravitailler, je décide au contraire de poursuivre. Je ferai le plein après la descente.

On m'annonce alors en 20ème position ! J'ai un peu de mal à y croire, moi qui tout au mieux m'imaginais aux environ de la 30ème ! Cela me regonfle à bloc et je pars devant à l'assaut du Puy Mary.

A ce moment je me dis que Cyril me rattrapera rapidement et que nous pourrons ensuite poursuivre notre route ensemble. Malheureusement pour moi, cela n'arrivera jamais... et je ne retrouverai Cyril qu'à l'arrivée !

Cette montée au Puy Mary est quasiment la plus raide du parcours mais cela ne m'empêche pas d'avancer, de prendre de l'avance sur mes poursuivants et de continuer à me rapprocher de ceux qui me précèdent. Le rêve continue !

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Descente en enfer

Si la montée se passe sans encombre et que je peux profiter, rapidement, du magnifique panorama qui s'offre à nous au sommet du Puy Mary, la descente est une toute autre affaire !

Pour l'avoir déjà pratiquée, je ne l'apprécie guère cette fameuse descente : bétonnée, constituée de marches très irrégulière.. dès que j'en ai la possibilité je me mets sur le côté pour éviter ce chemin, franchement pas à mon goût !

Learning to fly

Je suis pratiquement en bas de la descente quand tout va basculer. Alors qu'il ne reste plus que quelques marches, j'aborde une 'double marche'. Malheureusement si j'ai bien vu la première, je n'ai pas remarqué la seconde, toute petite située juste derrière !

Je me prend les pieds dans le tapis ! mon pied droit vient buter sur cette seconde marche... et me voilà en position quasi-horizontale... en train de m'envoler !!

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L'instant précis où tout bascule.. et moi avec !

En l'espace d'une fraction de seconde je réalise que l'atterrissage va être douloureux, que je vais probablement tout perdre et que ma course s'arrêtera prématurément ici... sur ce maudit escalier en béton !

Pas le temps de gamberger davantage, l'atterrissage est plus que brutal sur le coude et la main gauche. Je pars en roulé-boulé... histoire de rayer la carrosserie de l'autre côté également, de m'éclater copieusement le genou !

Dans mon élan, à peine ai-je terminé de caresser le béton que me voilà de nouveau sur pieds. Sans même m'arrêter je poursuis ma descente. J'ai les mains et le bras en sang, mon genou me fais très mal. Je ne sais pas si je vais être en mesure de poursuivre... mais je continue malgré tout !

Check-up rapide et on repars

Juste en bas, Péline qui a assisté à toute la scène, m'attend avec mon ravitaillement. Machinalement je fais le plein. Je prends juste quelques instants pour me rincer les mains dans une fontaine... et me voilà reparti !

Mon genou me fais mal, mais ne m'empêche pas de courir. Mon bras est douloureux, mes mains me picotent fortement... mais je m'en fous ! Seules comptent les jambes qui pourront me porter au bout !

Pas question de lâcher ni de s'apitoyer ! Je suis dans le top 20 et j'ai bien l'intention de vendre chèrement ma peau ! Pendant un moment j'espère que Cyril fasse la jonction pour m'aider à poursuivre... mais je ne le verrai jamais.

Droit devant

Tant pis, il faut poursuivre ! La route est encore longue ! Je dois vite me remettre dans le bain ! C'est rapidement chose faite puisque je rattrape un premier coureur, puis un second avant d'aborder la montée vers le Puy Chavaroche.

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Encore un beau passage avec une vue extraordinaire qui se termine par un joli névé que nous devrons traverser. Au loin, à environ 3' devant j'aperçois 2 autres coureurs. Le chasseur se met en route ! La douleur est oubliée et je me lance dans une longue poursuite pour tenter de les rattraper !

Les montagnes Russes

La suite est une succession de belles montées et descentes dans les estives, tantôt dans l'herbe, tantôt sur les névés. Avec en prime l'escalade du Roc d'Hozières où, sur quelques dizaines de mètres, il sera nécessaire de mettre les mains pour gravir le sommet !

Les randonneurs....

La suite du parcours sur les crêtes est beaucoup moins agréable car nous nous retrouvons nez à nez avec la horde des randonneurs... qui empruntent le même chemin que nous... dans l'autre sens !

Ne levant que rarement la tête pour regarder où ils vont, et avec l'avantage du nombre... c'est généralement à nous de nous écarter de la trace idéale et de prendre des risque hors traces pour nous frayer un chemin.

Ce point sera mon seul regret et seul point négatif que je pourrais donner à l'organisation, car pour le reste, tout était, pour moi, parfait !

Le Puy Violent

Dernière difficulté avant la descente finale, la montée au Puy Violent si elle parait relativement douce au début se fait bien plus raide sur la fin !

A son pied me voilà revenu à moins d'une minute des 2 coureurs que j'avais en ligne de mire. En prime, ils sont en train d'en rattraper un 3ème ! J'en croquerai un facilement dès le début de la montée, en rejoindrai un autre juste avant le sommet. Quant au 3ème... il fait de la résistance le bougre ! et reste environ une quarantaine de secondes devant moi.

La descente est raide, étroite et délicate... d'autant que dans l'autre sens nos amis randonneurs sont en train de grimper au sommet ! Mais, à ma grande surprise, contrairement à ceux croisés auparavant, ceux-là sont bien plus coopératifs, ils s'arrêtent tous et s'écartent pour nous laisser passer. Un grand merci à, car sans leur aide la descente aurait été bien compliquée !

La grande descente

Passé le Puy Violent c'est une longue descente sans vraiment de difficulté, à part un passage dans les champs pendant environ 2km où il faudra bien faire attention à ses appuis pour ne pas risquer, une nouvelle fois, de tout perdre si proche du but !

Revenons à nos moutons et à mon coureur que j'ai toujours en point de mire. Certes je reviens progressivement, mais dans ce début de descente, difficile de faire la différence. Je descends bien, même si je l'avoue, j'ai déjà fais mieux sur ce type de descente !

Il me faudra bien 3-4 km  pour enfin faire la jonction avec ce coureur. Alors que lui semble faiblir, j'en remets une petite couche, histoire de lui ôter toute envie de prendre ma roue ! Je le distance rapidement et poursuis vers Saint Paul de Salers sur un rythme proche des 15km/h. J'aimerais bien aller plus vite, mais mes jambes et mon genou me le déconseillent... et puis il reste encore une dernière ascension vers le village...

La dernière ascension

A la sortie de Saint Paul, nous traversons un champ puis une dernière petite descente pour atteindre le fond de vallée avant de s'attaquer à la remontée... et à ses quelques 200m de D+ en à peine 1,5km !

Devant, je n'ai plus vraiment d'espoir, j'ai bien aperçu mon prédécesseur à la sortie de Saint Paul... mais il compte bien 3' d'avance... beaucoup trop pour que je puisse le reprendre dans cette dernière côte !

Même si je sais qu'à priori je ne crains pas de retour de l'arrière ( de tous ceux que j'ai croisés depuis le Puy Mary, aucun n'est en mesure de me suivre en côte) je commence malgré tout à réfléchir un peu, à me retourner.

Mes vieux démons me rattrapent un peu, mais je me remets vite sur les rails, me concentrant sur cette montée qui pique les jambes... mais conduit tout droit vers la délivrance !

La fin est difficile, j'ai du mal à tenir le rythme, je suis tout proche du but, j'entends le speaker qui annonce mon arrivée proche. J'essaie de savourer ces derniers instants.

La délivrance

Après avoir contourné les remparts, je fais mon entrée dans le village de Salers, un dernier raidillon et j'aperçois la ligne d'arrivée. Dernière frayeur, je me prends les pieds dans les barrières (trop rapprochées à mon goût), me rattrape de justesse et évite ainsi de m'abîmer un peu plus !

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Les derniers mètres ne sont que pur bonheur, et je franchis la ligne en 5h47'59" ! Je prends quelques minutes pour savourer ce moment, fier d'avoir accompli une course presque parfaite, d'avoir donné le meilleur de ce que je pouvais faire. A cet instant, je ne le sais pas encore, mais je suis arrivé 15ème !! Un résultat que je n'aurais même pas osé espérer et qui me comble totalement !

Après ces quelques instants d'euphorie je prends la direction... de la croix-rouge pour faire soigner mes nombreuses plaies témoignage durable de mon décollage au Puy Mary !

Peu après, je retrouve mon ami Cyril avec qui nous passerons un bon moment avant de rentrer à l'hôtel et de profiter de la fin du week-end pour se ressourcer dans ce magnifique village de Salers.

Rendez-vous l'année prochaine au même endroit pour tenter de faire aussi bien... ce qui ne sera certainement pas facile, car une fois de plus, la barre a été mise très haut !

Et pour terminer ce récit, un grand merci à Péline qui m'a accompagné, supporté et ravitaillé tout au long de cette belle aventure !


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