EDF Cenis Tour : au delà des espérances…

Trail de Val-Cenis 2015 - 48 km

Lanslevillard - dimanche 02 août - 08h00

 

Pour ma deuxième participation à l'EDF Cenis Tour, je décidais de rester sur la distance de 48 km qui me correspond bien en terme de difficulté et qui s'intègre plutôt bien dans mon planning de courses.

Si durant le mois de juillet j'ai mis l'accent sur le travail spécifique 'montagne' dans le but d'être un peu moins ridicule sur ce type de terrain, c'est néanmoins sans réelles ambitions que j'abordais cette épreuve estivale. Plus une envie de me faire plaisir et un bon prétexte pour partir prendre un bol d'air en montagne le temps d'un week-end prolongé.

Malgré l'absence d'enjeu et mon esprit relâché et décontracté, l'idée folle de faire une performance sur ce terrain qui d'habitude m'est plutôt hostile me trottait bien dans la tête. En effet, l'année dernière, sans aucune préparation spécifique, je n'étais qu'à une vingtaine de minutes du podium.... Peut-être serais-je en mesure de grappiller ces 20 minutes cette année ? En tous cas, cette course serait un bon test pour mesurer l'efficacité du travail accompli et me donner des orientations pour la suite de ma préparation.

Arrivé sur place dès le jeudi, j'aurais le temps de m'acclimater un peu à l'altitude et à repérer certaines portions du parcours. Durant ces deux jours mes sensations ne furent pas terribles : jambes lourdes et courbatues, peut-être étais-je en train de payer les efforts fournis durant les semaines précédentes ?

Si le temps fût capricieux entre le vent du vendredi et la pluie du samedi, c'est un temps idéal qui nous attendait dimanche matin : beau temps annoncé pour la journée et pas de vent. Vers 8h la température aussi était parfaite : ni trop chaud, ni trop froid.

En me rendant sur la ligne de départ, j'ai rapidement dû revoir mes ambitions à la baisse : la présence de Manu Gault, certes en mode "entraînement", en disait déjà long sur le niveau des participants !! J'allais devoir me sortir les tripes pour aller chercher un résultat !

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Le récit de L'EDF Cenis-Tour 2015 :

A 8h précises, le départ de l'EDF Cenis-Tour 2015 est donné au centre du village de Lanslevillard. Le ton est donné dès les premiers mètres : cela monte direct ! Si la pente ne se fait pas trop rude au début, cela me permet de me caler dans le sillage de Manu Gault, du moins pendant les 3 premiers km, aux environ de la 7ème place.

Mais, comme à l'habitude, dès que la pente commence à se faire plus raide, je recule dans le classement, et dois dans un premier temps laisser filer Manu puis je commence alors ma lente dégringolade dans le classement. Celle-ci se confirmera dans la partie raide de cette première ascension où je glisserai progressivement jusqu'aux environ de la 24ème place.

Je monte à mon rythme et ne peux faire mieux. Je ne suis pas inquiet pour autant car la course est encore longue. Malgré mes difficultés je constate que je grimpe un petit peu mieux que l'an dernier, ce qui est positif et me donne pas mal d'espoirs pour la suite.

Cette montée au travers de la forêt est magnifique, probablement la partie la plus agréable du parcours, alors que nous ne sommes pas encore dans les alpages. Finalement elle se passe bien mieux que prévu, car même si je ne suis pas en mesure d'aller vite, je ne ressens pas de grosse fatigue et me retrouve, une fois en haut, frais comme un gardon.

L'occasion de relancer sur le magnifique single qui nous propose une belle traversée en direction du Col du Mont-Cenis. Là où j'avais éprouvé quelques difficultés de relance l'an dernier, je me retrouve très à l'aise et retrouve très rapidement un rythme plus qu'honorable. Je remonte alors rapidement en 21ème position et commence à combler l'écart qui me sépare des coureurs qui me précèdent.

Nous abordons alors une large piste forestière que j'avale tranquillement à plus de 14 km/h, sans forcer, je suis en mode "footing"... je me dis alors que je devrais être pas trop mal dans la dernière portion du parcours, une très longue descente qui ne présente aucune difficulté.

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Passage au Col du Mont Cenis avec environ 5' d'avance sur mon plan de marche, je prends quelques secondes pour me ravitailler auprès de Péline et de mes monstres qui m'attendaient là pour m'encourager. Je repars directement sur la deuxième grosse portion ascendante qui doit nous emmener vers le fort de la Turra. 2 Km de pente raide avec de nombreux passages à plus de 20%.

C'est à partir de là que je commence réellement à voir les fruits de mon travail : contrairement à l'an dernier où je continuais à perdre quelques places, cette fois-ci la machine était bel et bien en route. J'avale cette montée sur un rythme plus soutenu et commence a rattraper quelques concurrents. J'en dépasserai au moins 3 dans cette portion.

En levant la tête, je peux constater que je ne suis pas bien loin du top 10, au plus ai-je 5' de retard à ce moment là ! Compte tenu de ma montée en puissance, je commence à me dire qu'il n'est pas impossible de revenir.

Une fois ces 2 km passés et une très courte descente, nous voilà reparti à monter vers le Pas de la Beccia. La pente y est plus douce et permet d'alterner marche et course. L'occasion pour moi de rattraper encore 3 nouveaux concurrents et de me rapprocher un peu plus de ce fameux top 10 !

Pour autant, je ne m'emballe pas trop car je sais que le début de la descente qui suit est très raide et plutôt technique, et que je n'y serai pas franchement à mon avantage ! C'est effectivement peu de le dire, car en l'espace de moins d'un km, je vois tous les gars que je venais de doubler revenir comme des boulets de canon et me laisser littéralement sur place !

J'avais l'impression de les voir sauter comme des cabris de roche en roche alors que moi je peinais à trouver mes appuis... Heureusement ce calvaire n'allais pas durer trop longtemps, mais tout le travail était à refaire !

Dès que la pente se fit plus douce, je retrouvais mes aises et pu reprendre mon rythme de croisière et commencer à rattraper le temps perdu.  Quelques petites bosses à franchir avant de rejoindre une belle descente sur piste forestière et route qui me permit de nouveau de courir à plus de 14 km/h et de rejoindre le second point de ravitaillement au refuge du Petit-mont-Cenis.

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C'est maintenant avec pratiquement 10' d'avance sur mon plan de marche que je me ravitaille auprès de mon équipe de choc avant de me lancer à l'assaut de la dernière difficulté du jour, et non des moindres, car même si la pente y est un peu moins raide que dans les précédentes, il faut maintenant faire face à la fatigue accumulée et à un nouveau passage à plus de 2600 mètres d'altitude !

Une fois encore je rattrape un concurrent, puis un second en la personne d'Olivier Valla avec qui j'avais fais, sans le savoir, une bonne partie de ma route depuis le départ. Si je n'éprouve aucune difficulté à le rejoindre, en revanche je n'arrive pas à le décramponner et il reste accroché à mes basques. Je me souviens alors qu'il m'avait laissé sur place dans la partie technique de la descente de la Beccia, et m'attends à subir le même sort en haut du col de Sollières...

Je n'aurais donc pas de répit et devrais relancer de suite une fois au sommet et ce malgré l'altitude et un chemin quelque peu chaotique dans les premiers km. Si je parviens de suite à prendre un rythme correct, je subis malgré tout les effets de l'altitude. J'ai le souffle court et ressens franchement le manque d'oxygène, il me faut m'employer pour maintenir le rythme aux environ des 14 km/h.

Rapidement nous rejoignons la route forestière qui nous ramènera ensuite jusqu'à Lanslebourg. A ce moment, je constate que je suis sur le même rythme que les coureurs qui m'entourent. Si je veux faire la différence je n'aurais pas d'autres solutions que d'accélérer. J'enclenche donc la seconde et me cale sur une vitesse d'environ 15 km/h. Mon effort porte ses fruits puisque je reviens très vite sur le coureur qui me précède et que je distance mon poursuivant.

Je commence à ressentir un échauffement prononcé au niveau du talon droit, puis cette sensation se propage également au talon gauche. La descente, les gravillons et les frottements se font de plus en plus intenses. Pour pouvoir conserver mon rythme je dois modifier ma foulée pour tenter de soulager mes talons. Je descend donc sur la pointe des pieds en évitant au maximum la pose des talons au sol. Je ne sais si je pourrais aller jusqu'au bout de la sorte car cette descente est interminable, pratiquement 18 km en tout !

Une fois dépassé le coureur qui me précédait je ne m'accorde aucun répit, je poursuis sur le même tempo, malgré la douleur de plus en plus vive. En effet, je sais que la fin de parcours ne me sera pas très favorable avec un long faux plat et une côte finale qui fera très mal. Je me dois de mettre un maximum de distance entre moi et mes poursuivants.

Au rythme où je vais, j'estime pouvoir prendre environ 2-3 minutes d'avance d'ici la fin de la descente, cela ne sera pas de trop pour tenir jusqu'à l'arrivée.

Au Replat du Cacnon, dernier ravitaillement, je passe très rapidement, juste le temps de remplir ma bouteille et de me rafraîchir un peu. Pas d'assistance personnelle possible en ce point. J'en ressors alors que mon poursuivant immédiat arrive seulement.

Il reste maintenant moins de 10 km à parcourir, je rejoins de plus en plus de coureurs attardés du 32 km. Je dois être 11ème à ce moment là. Je vais sans le savoir rattraper le 10ème et aborder la fin de la descente dans cette position.

La pente se fait plus douce et si cela me permet de soulager un peu mes talons, cela a aussi des conséquences sur ma vitesse qui chute légèrement. Je fais tout mon possible pour relancer, mais la douleur et la fatigue faisant, cela devient compliqué. Cette fin de descente me paraît interminable.

Descente terminée et traversée de Lanslebourg sur les berges de l'Arc. Il reste alors environ 3 km  à parcourir. Le premier se passe plutôt bien, c'est un faux plat légèrement montant et si les forces commencent à me lâcher, les douleurs aux talons se font omniprésentes. Malgré tout, en serrant les dents, je parviens plus ou moins à rester aux alentours des 12 km/h.

Je le sais, les deux derniers km seront un peu plus compliqués pour moi, la pente se faisant un peu plus prononcée, je peine à relancer. Tant bien que mal je reviens sur quelques coureurs des autres distances, mais n'ayant aucun repère je ne sais pas où se trouvent mes prédécesseurs. De plus en plus régulièrement je regarde derrière moi pour anticiper le retour d'un adversaire potentiel.

Cette fin de course me semble durer une éternité, les organisateurs ont pris un malin plaisir à nous faire tournicoter en rond pour faire durer le plaisir ! Je suis au bord de l'agonie, mais je le sais ma marge n'est pas énorme et il n'est pas question de lâcher prise.

Petit à petit nous approchons du but. J'aperçois enfin l'église de Lanslevillard où se trouve l'arrivée. Je me dis que c'est enfin terminé, mais c'était sans compter sur la dernière facétie de l'organisation qui nous propose pour finir d'escalader le rocher sur lequel l'église est juchée !

Juste avant d'aborder ce raidillon je dépasse un dernier coureur du 32, Péline et les enfants sont là pour m'encourager. Il ne reste que quelques dizaines de mètres à parcourir, mais qu'elle est difficile cette dernière "ascension" !!

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Dernier virage et dernier coup d'oeil vers l'arrière pour constater le retour en trombe d'Olivier !! Heureusement pour moi, l'arrivée est trop proche pour qu'il représente un quelconque danger, j'ai suffisamment de marge pour m'offrir le luxe ultime de franchir la ligne d'arrivée, main dans la main avec mes deux monstres... un pur moment de bonheur qui, à ma grande surprise, se voit également récompensé par une victoire en catégorie vétéran !!! juste quelques secondes devant le deuxième !

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Avec cette 10ème place au scratch et cette victoire en vétéran, mon contrat est plus que rempli, avec presque 40' de moins que l'année dernière. Je réalise même en prime ma meilleure performance selon le barême de l'i-tra avec une cote à 685 !

Il ne me reste plus qu'à soigner mes jolies ampoules et à faire passer mes contractures aux mollets pour ensuite me remettre au travail et capitaliser les progrès réalisés cet été en vue des prochains événements.

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