Trail de la Côte d’Opale : Un nouveau cap…

Trail National de la Côte d'Opale 2015 - 62 km

Wissant - dimanche 13 septembre 2015 - 08h00

 

Préambule :

Quelle année que cette année 2015 !! Après un début mitigé suite aux habituels petits bobos de l'hiver et à un planning qui ne me laissait guère le temps de m'entraîner, je ne fais qu'enchaîner les performances et m'améliore à chacune de mes sorties. Il m'est alors bien difficile de vous conter mes aventures, tant j'ai à la fois l'impression de me répéter, d'employer des superlatifs pour décrire chacune de mes courses comme un nouvel exploit !

Et ce Trail de la Côte d'Opale 2015 ne dérogera pas à cette règle qui commence à devenir une habitude, une bonne, une super habitude ! Mais qui m'effraie également, car comment vais-je faire l'an prochain pour tenter de faire encore mieux que cette cuvée 2015 qui restera exceptionnelle, encore bien plus que la précédente !

Il me faudra m'entraîner encore plus fort, encore plus dur pour mettre la barre encore plus haut, à la recherche de nouveaux exploits, de dépassement de soi et de quête de l'impossible !

Arrêtons cependant de philosopher sur ce que sera, ou ne sera pas, la suite de la saison et revenons à nos moutons, à ce magnifique Trail de la Côte d'Opale, qui lui aussi restera gravé dans ma mémoire pendant un sacré bout de temps !

cote-opale-15-003

Tout avait pourtant commencé par une météo plutôt capricieuse le samedi, entre grisaille et pluie, ce n'était guère de bon présage pour la course, mais au moins cette année, nous ne souffrirons pas de la chaleur, comme ce fût le cas lors des éditions précédentes. Si, si je vous assure, il peux faire chaud dans le Nord !!

Et les prévisions pour le dimanche n'étaient pas plus enthousiastes avec de la pluie annoncée sur Calais et sur Boulogne-sur-mer... C'était sans compter sur le micro-climat de Wissant, qui allait, lui être plus clément. En effet, même si le ciel est gris en ce dimanche matin, pas de pluie en vue, du moins pour le début de la course ! Le coupe-vent allait donc pouvoir rester au fond du sac !

Cette course allait également être l'occasion pour moi de tester grandeur nature mes toutes nouvelles Hoka Challenger, qui semblaient tout à fait adaptées à ce type de terrain... resterai maintenant à en apporter la preuve !

cote-opale-15-03 cote-opale-15-02

Le récit de mon Trail de la Côte d'Opale 2015

Il est quasiment 8h00 sur la plage de Wissant quand nous nous apprêtons à prendre le départ en direction du Cap Blanc-Nez. Je me souviens alors de ce début de course de l'an dernier où j'avais eu le plaisir de parcourir environ un km en tête, avant de me faire dévorer par les cadors ! Je n'osais espérer pareille fête cette année, même si le plateau semblait un peu moins fort que les années précédentes. De plus, décidé à ne pas me cramer dès le début, je ne voulais pas partir trop vite.

cote-opale-15-04

C'était probablement sans compter sur mes bottes de 7 lieues, car à peine le coup de feu du départ donné, je me retrouve juste derrière le groupe de tête, je suis quasiment à 15 km/h, le tout sans forcer le moins du monde. Rapidement, et sans m'en rendre compte, je me retrouve second, à une cinquantaine de mètres du premier !

Petit à petit, toujours sans forcer et toujours à près de 15 à l'heure, je reviens sur le premier, Damien Douvry, puis le rejoins ! Derrière, la meute emmenée par Mr Thierry Breuil est pratiquement 50m derrière ! Je crois rêver, jamais je ne me suis retrouvé dans une telle position sur une course à label National !

cote-opale-15

J'ai beau savoir que tout rentrera dans l'ordre dans la montée du Blanc-Nez, j'en profites à fond, ce n'est pas tous les jours que l'on peut s'offrir pratiquement 5 km devant Mr Breuil ! A l'attaque de la montée du Blanc-Nez, comme prévu, je suis rejoins et dépassé par le groupe de tête, mais contrairement à l'an dernier où je comptais pratiquement déjà 3' de retard au sommet du Blanc-Nez, cette année je fais plus que limiter la casse en passant à seulement 40" du premier en 12ème position !

La descente vers Sangatte allait être tout aussi étincelante, à pratiquement 16 km/h je ne perds rien sur la tête de course, et reviens dans le top 10. Au 10ème km je suis 9ème à 43" ! Du jamais vu, j'ai moi même du mal à y croire. Je décide cependant de me calmer un peu dans la montée suivante qui elle aussi est assez raide.

Même si je commence inévitablement à perdre un peu de terrain, je me maintiens à ma place et passe au sommet de la seconde difficulté toujours 9ème. Je suis alors rejoins par deux autres coureurs, sur le faux plat qui suit, je les laisse passer, pour les rejoindre ensuite dans la descente qui suit. Je limite plus que bien la casse dans les côtes, me maintient sur le plat et dévale toutes les descentes à plus de 15 km/h.

Les jambes vont bien, les chaussures sont super, dynamiques et amortissantes à la fois, un pur bonheur ! La première heure de course est bouclée à un peu plus de 13 de moyenne, et ce malgré les 2 premières grosses montées du parcours !

La suite se poursuit de la même façon, même si je suis un peu moins véloce dans les côtes, je compense dans les descentes. Le semi est avalé en 1h38 à peine et je rejoins le 1er ravito à Hervelinghen, avec tout juste 5 petites minutes de retard sur les premiers. Le rêve se poursuit, je n'en reviens pas moi-même !

cote-opale-15-05 cote-opale-15-06

A la sortie du ravito, je temporise un peu pour avaler la grosse côte qui se présente devant nous. Je marche un peu, prend le temps de m'alimenter, perds quelques places à l'occasion, mais ce n'est pas bien grave. Par contre, une fois en haut, j'ai du mal à repartir, petit coup de mou. Sans ressentir pour autant de fatigue, ça ne veux plus avancer, et la côte qui suit n'arrange rien à l'affaire. Je commence à perdre du temps, et des places, mais je ne panique pas pour autant, le chemin à parcourir est encore long. Ce qui me rassure c'est qu'il s'agit de la dernière grosse côte, le reste du parcours étant  beaucoup plus plat (j'ai dis plat, pas facile !).

La descente qui suit me donne raison, je retrouve petit à petit mon rythme de croisière et repart aux environs des 15 km/h dans cette portion descendante. L'occasion également de reprendre une ou deux places avant de revenir vers le village de Wissant, que nous contourneront pas un joli cordon de sable mou, très mou.

C'est là que mes Hoka challenger donnent la mesure de leur potentiel, je vole au dessus du sable, à peine ralenti par ce terrain pourtant hostile aux performances. Nous commençons alors à nous faire rattraper par les premiers coureurs du 42 km, cela va compliquer la lecture de la course, et je ne sais plus vraiment quelle est ma position. Je tente bien de relancer au passage de ces coureurs, mais ils sont plus rapides que moi et je n'y parviens guère.

Les km défilent rapidement et malgré une petite baisse de régime je me rapproche du second point de ravitaillement à Ambleteuse situé au 40ème km. Le chemin est très roulant et légèrement descendant, l'occasion de retrouver un rythme de pratiquement 14 km/h et de rattraper encore un ou deux concurrents.

cote-opale-15-07

Encore une fois, le ravitaillement se fait en un éclair, le temps de changer de bidons, prendre une gorgée de perrier, et c'est reparti ! Je repars en douceur, et retrouve progressivement mon rythme, le temps de dépasser encore un concurrent. Me voilà déjà au 42ème km en à peine 3h22'. Un excellent chrono surtout si l'on tient compte du dénivelé déjà avalé et des passages sablonneux !

Cependant, le plus difficile est à venir, je le sais bien depuis le temps que je participe à cette course. Les 20 derniers km sont décisifs, tout se joue durant ces fameux 20 km. Sur le papier, ils n'ont l'air de rien, quasiment pas de dénivelé, mais néanmoins il s'avèrent terribles. Tout commence par les fameuses dunes de la Slack, un sable fin et mou, une succession de montées casses-pattes qui vous sapent le moral, vous fait oublier votre belle moyenne et vous plonge dans un grand moment de solitude. Généralement après cela, il est difficile de s'en remettre d'autant que la suite n'a guère à leur envier !

Tenir, ne pas craquer, garder le moral et quelques forces pour la suite. Heureusement, je m'en sors plutôt bien, je parviens même à rattraper Pascal, surpris par la difficulté des lieux et qui semble scotché dans ces fameuses dunes ! Je ne suis pourtant pas au bout de mes peines. Cette année, difficulté supplémentaire, la marée est haute lors de notre passage. C'est donc dans les graviers, glissants, fuyants que nous devons rejoindre le fort situé environ 1,5 km après la dernière dune.

J'y laisse pas mal d'énergie et forcément le rythme s'en ressent fortement, il est maintenant difficile de dépasser les 10 km/h. Arrivé aux abords du fort, il faut franchir la Slack. Un bateau pneumatique est mis à notre disposition pour traverser, plus ou moins, au sec (le fond du bateau est plein d'eau). Si un coureur devant moi préfère se mouiller jusqu'à la taille pour passer directement, je préfère perdre quelques secondes pour traverser dans le bateau. Cella ne dure que quelques secondes et me voilà de l'autre côté, près à repartir !

Après un petit km sur les quais, nous voilà de nouveau sur la plage, cette fois-ci nous cheminons dans les rochers ! Là encore pas facile d'avancer, les rochers sont très irréguliers et glissants, pas question de prendre de risques dans cette partie. Un coureur revient sur moi et me dépasse rapidement, j'essaie bien de le suivre, mais n'y parviens pas, je dois me résoudre à le regarder partir au loin.... je ne le reverrai pas !

cote-opale-15-08

C'est maintenant que le moral doit tenir bon, là qu'il faut s'accrocher, ne pas s'écrouler et avancer, avancer encore ! En effet, après cet agréable passage dans les rochers et une dernière petite portion dans le village d'Audresselles avant de prendre la direction du Cap Griz-Nez en bordure de falaise.

Si le dénivelé ne semble pas important, le chemin qui mène au Cap est en réalité une succession de montées descentes entrecoupées d'escaliers qui cassent le rythme et les jambes. Bref une véritable partie de plaisir ! Je serre les dents, commence à ressentir des signes de faiblesses, les montées se font difficiles et les relances moins vivaces. Je me fixe comme point de mire un coureur devant moi que je pense être dans ma course (en réalité il était sur le 42...) et tente de mer rapprocher de lui.

Si je parviens à me rapprocher un peu, la dernière montée vers le Gris-Nez aura raison de mon objectif, je vais le perdre de vue et me retrouver seul, désespérément seul. Plus de point de mire devant, heureusement rien derrière non plus. Je ne veux pas subir, je ne veux pas me laisser aller à craquer. Il faut coûte que coûte maintenir le meilleur rythme possible, malgré la fatigue, malgré cette fin de parcours qui semble vouloir me retenir, m'empêcher d'avancer.

Au bas de la descente, après le Cap, il ne reste plus que 6 km à tenir jusqu'à l'arrivée, une dernière côte m'attend, juste après le dernier point de ravitaillement. Je ne pourrais faire autrement que de la monter en marchant, je n'ai plus la force de courir dans cette pente. Je m'efforce de marcher le plus vite possible, une fois en haut, le plus difficile sera fait, ou presque. Je me sens comme seul au monde, seul face à mes peurs, face à ma fatigue. Il me faut puiser dans mes dernières ressources physiques et mentales pour ne pas sombrer.

cote-opale-15-09

Heureusement cette montée est courte et laisse rapidement place à une descente qui même si elle comporte quelques petites bosses, me permet de souffler, plus que de relancer. La fin est sablonneuse et ne permet pas d'accélérer, mais annonce la plage. Deux petits virages serrés et nous voilà pour la dernière fois sur cette fameuse plage.

La marée est toujours haute, obligeant à courir soit dans un sable très mou, soit en bordure de mer, entre eau et galets. Au loin on peut apercevoir Wissant, mais il reste pratiquement 3 km à parcourir. 3 km de souffrance avant la délivrance. De nouveau je vois un coureur devant moi et me fixe pour objectif de revenir sur lui (en fait c'était en vain puisque lui aussi était sur le 42k). Cette plage est interminable, je parviens à peine à courir à 10,5 km/h, le vent n'aidant guère à accélérer.

J'arrive presque au bout de la plage, moins d'un km avant l'escalier qui doit nous ramener sur les quais. Je suis alors rejoins par les coureurs du 21 et 32 km. Cela complique encore la tâche car la petite bande de sable plus ou moins roulante n'est pas bien large, m'obligeant à me décaler sur la gauche et à me mouiller les pieds pour me frayer un chemin au travers de cette foule assez dense. Du coup je perds de vue les coureurs qui me précédaient et je n'ai pas non plus de visu sur ce qui se passe derrière moi.

Me voilà enfin au pied de ce fameux escalier, les premières marches sont dans l'eau, quelques rochers permettent de passer sans trop se mouiller, mais ils sont nombreux à essayer de passer par là et cela forme un petit bouchon. Je n'ai pas d'autre choix que de foncer tout droit, de mettre les pieds dans l'eau jusqu'en haut des mollets pour passer au plus direct.

Cet escalier me semble interminable, mais l'arrivée est proche, cela me redonne un brin d'énergie, je jette mes dernières forces dans la bataille. En haut l'ambiance est extraordinaire, la foule nombreuse et les encouragements viennent de toutes part. il me reste encore environ 500m puis la remontée vers la place de l'église.

cote-opale-15-10

Plus j'avance et plus les encouragements sont présents, je ne sais pas où j'en suis, alors je ne relâche pas mon effort, parviens même à accélérer un peu. Je vois enfin cette arche d'arrivée, je dois me frayer un chemin au travers de la foule pour avancer, c'est magique.

Me voilà arrivé en 5h26'21". Juste après comme un signe, la pluie se met à tomber sur Wissant. Je suis 9ème du général et 4ème vétéran à seulement 42' du grand vainqueur Thierry Breuil ! C'est indiscutablement mon meilleur résultat sur une épreuve du TTN, il me faudra un peu de temps pour réaliser ce que je viens de faire !

cote-opale-15-11

Je tiens à remercier Péline qui m'a suivi, une nouvelle fois, durant cette superbe aventure et sans qui rien de tout cela n'aurait été possible ! Je lui dois également la plupart des photos qui illustrent mon article.

Après cette course, il va être bien difficile de faire mieux, et je vais devoir redoubler d'efforts pour y parvenir...

resultats-opale-15


Autres articles recommandés pour vous :

Cet article vous a plu ? Faites le connaître : Partagez-le !


Vous pouvez aussi lui attribuer une note... !

1 étoiles2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles6 étoiles7 étoiles8 étoiles9 étoiles10 étoiles (4 votes, average: 10,00 out of 10)
Loading...

Soyez les premiers informés de nos prochains articles :


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *