Raid Golfe Morbihan 2012 – La revanche

raid du Morbihan : Locqmariaquer - Vannes 23 & 24 juin 2012

Depuis plusieurs années, le Raid du Morbihan (version 86km) est le rendez-vous phare de ma saison. Cette année marquera ma 6ème participation à cette épreuve que j'affectionne tout particulièrement.

Mon histoire d'amour avec cette course débute en 2007, année de mon premier Raid Morbihan, auparavant je n'avais eu qu'une seule expérience sur les longues distances au trail 91 de Mondeville l'année précédente.

C'est avec un esprit de revanche que j'aborde cette épreuve, revanche sur moi-même, sur mon triste abandon de l'année passée, sous les yeux de mes enfants qui ne comprenaient pas pourquoi je ne pouvais plus avancer, totalement déshydraté, épuisé par une châleur excessive et une mauvaise gestion de course.

Cette année, je leur avaient fixé rendez-vous, en leur jurant que plus jamais je ne resterai en rade sur le bord du chemin, que cette fois-ci nous franchirions la ligne d'arrivée tous les 3 mains dans la main, comme je rêvais tant de le faire l'année passée.

Il faut dire que dans ma carrière sportive, je n'ai eu guère la chance de leur montrer ma vraie valeur, dans une vie antérieure où j'arpentais les pistes de Karting de France et de Navarre, ils ont eu plus l'occasion de me croiser les mauvais jours que les bons, et notamment ce jour où je me suis fracturé la main sous leurs yeux, franchissant la ligne d'arrivée en volant : double salto avant à la clé... mais néanmoins sur le podium !!

C'était donc une pression supplémentaire sur mes épaules : pas question de les décevoir, finir à tout prix et ce dans n'importe quel état, peu importe au final le résultat.

Il est 17h en ce samedi 23 juin lorsque nous prenons le départ depuis le stade de Locmariaquer, le temps est légèrement couvert et la température bien plus supportable que l'année précédente. Je décide toutefois de prendre un départ des plus prudents, pas question de griller mes cartouches dès le départ. L'essentiel étant de se focaliser sur l'hydratation, l'alimentation (qui est toujours l'un de mes plus gros soucis) et sur une bonne gestion.

Je décide de me concentrer uniquement sur ma course et oublie complètement les autres concurrents qui sont autour de moi, je laisse filer la tête de course et doit me situer aux alentours de la 30ème 40ème place, mais cela n'a pas d'importance, pour le moment tout va bien. Au bout d'une heure de course environ, je croise mes deux petits chevaliers pour la première fois, ils me suivent sur quelques dizaines de mètres et m'encouragent avec fierté !

Les kilomètres défilent à un rythme régulier et j'ai la chance de pouvoir profiter des magnifiques paysages que nous offre le golfe du Morbihan, c'est extraordinaire et par moment la magie des lieux vous fait oublier totalement la course.

Petit à petit je commence à rattraper quelques concurrents imprudents, partis sur des bases trop élevées et contraints de ralentir l'allure. Je fais un passage éclair au premier ravitaillement et poursuis ma chevauchée sur le chemin des douaniers.

Jusqu'au marathon, tout se déroule pour le mieux, je passe ce cap en 3h50' ce qui est tout à fait dans les temps de mon tableau de marche, j'ai même de la marge par rapport à mon objectif. Je gère bien, de temps en temps je croise mes ptits chevaliers qui ne manquent pas de m'encourager.

Au bout de 4h20 d'efforts, j'arrive au ravitaillement de Larmor Baden, qui pour cette année est revenu dans les locaux de la colonie de vacances. Le temps d'un changement éclair de tenue, de recharger les réserves en eau et en vivre et me voila reparti, le tout réalisé en moins de 3 minutes ! Presque aussi rapide qu'un ravitaillement de formule 1, il faut dire que l'équipe d'assistance est bien rodée, les gestes calculés au millimètre !

Kilomètre 49 : Un grain de sable dans la mécanique !

Jusque là tout allais pour le mieux, hydratation et alimentation correcte, pas de nausées, une forme physique encore bonne, quand soudain, un malheureux bretzel avalé de travers a failli tout compromettre.

La réaction d'un organisme qui tenait sur le fil du rasoir ne s'est pas faite attendre : le bretzel ainsi que tout le reste reprenais le chemin de la sortie. Le temps de reprendre mes esprits, de marcher quelques mètres et de relancer la machine. Le spectre de l'année précédente planais au dessus de ma tête, n'étais-je point en train de reproduire le scénario qui avait conduit à ma perte l'année précédente ? Allais-je de nouveau chuter devant les yeux de mes petits supporters ? La route vers l'arrivée est encore bien longue. Que faire pour ne pas bloquer de nouveau ?

C'est alors que je revis ces instants terribles de l'année dernière où, régurgitant tout ce que j'essayais d'avaler j'ai dû me contraindre à abandonner après 5 rejets... Pour éviter cela, je prend alors la décision de ne plus rien avaler, ni eau ni nourriture pendant au moins 5 kilomètres, pour laisser le temps à mon estomac de retrouver un certain équilibre.

Plus déterminé que jamais, je repars à l'assaut des chemins comme si de rien était, mais rapidement, je ne peux plus tenir la cadence, pourtant je suis revenu à une belle 15ème place provisoire, mais je me vois contraint de ralentir, de gérer mes forces pour pouvoir atteindre l'arrivée. Je sais dores et déjà que je ne pourrais plus rien manger d'ici à l'arrivée, au mieux pourrais-je boire quelques gorgées d'eau ou de Perrier de temps à autre. Il va me falloir tenir prêt de 40 kilomètres sans apport énergétique.

La nuit est maintenant tombée et je poursuis mon effort solitaire, tout en gestion : ne pas trop puiser dans les réserves, boire par très petites quantités et surtout me projeter sur cette image qui hante ma tête depuis un an maintenant : cette ligne d'arrivée et mes deux garnements pour m'accompagner.

Mon rythme es assez lent, mais j'avance et c'est bien là l'essentiel, il fait nuit noire et le temps pour moi de sortir mon phare surpuissant. Pour l'occasion, je me suis offert une folie, une frontale Lupine : le must en matière de puissance et de légèreté ! Nous rattrapons maintenant l'arrière garde du trail 56 et je croise de nombreux coureurs, qui, gâce à mon phare, me voient arriver de très loin et se demandent même parfois s'ils ne sont pas suivi par une voiture ! L'avantage de la situation est que la plupart d'entre eux, avertis de mon arrivée, s'écartent spontanément pour me laisser place, un petit signe pour les remercier en passant et je poursuis ma route. Je croiserais bien quelques grincheux qui ne comprennent pas que nous ne sommes pas dans la même course et que si leur objectif est simplement de rejoindre l'arrivée, le mien est de viser une place dans le top 20 !

les kilomètres s'enchaînent, cela devient de plus en plus difficile, l'énergie me manque, mais je sais que je ne puis recharger les batteries. Aux abors du km 70 , les hasards de la marée font que le chemin côtier le long de la digue est totalement submergé. Sur prêt de 400m il va falloir mettre les pieds dans l'eau quasiment jusqu'en haut des mollets. Si dans un premier temps ce bain obligé semble très rafraîchissant, je déchante rapidement : mes chaussures, non content de peser 3 tonnes, se sont allègrement remplies de sable. Ce sable rugueux provoquera rapidement de jolies ampoules qui vont briller jusqu'au bout de la nuit !.

Heureusement pour moi, le dernier ravitaillement est en vue, le temps de prévenir mon staff et je sais que je vais pouvoir repartir dans des chaussures sèches, avec des chaussettes toutes neuves. Cette pause salvatrice durera un peu longtemps, le temps de nettoyer tout cela et de repartir au sec pour la dernière ligne droite, enfin pour les quinze derniers kilomètres.

Dès lors je sais qu'il ne pourra plus m'arriver grand chose, mes temps de passages ne sont pas formidables et je commence à perdre quelques places, mes savants calculs me confirment que je peux encore rentrer en moins de 9h. J'en ferai mon objectif pour cette fin d'épreuve et m'efforce à garder un rythme suffisant pour atteindre cet objectif.

Dernière péripétie de mon aventure, j'ai mal interprété la durée de vie de mes batteries et ayant utilisé ma lampe à plein régime quasiment en permanence, je me retrouve tout à coup plongé dans le noir total, un simple petit clignotement pour me prévenir, et hop, plus rien... Contraint de m'arrêter, je cherche en vain ma batterie de secours, j'interpelle alors un coureur arrivant derrière moi, qui m'éclairera fort gentiment jusqu'à ce que je mette la main sur cette satanée batterie !

Bilan de l'opération, une bonne minute de perdue, quelques frayeurs et me voila reparti. Les derniers kilomètres approchent, la pointe de Conleau est en vue, je sais qu'à partir de ce point il ne reste plus que 4 kilomètres, entièrement plats à parcourir.

Je perds encore une place, mais qu'importe, le plus important pour moi à cet instant n'est ni la place, ni le temps, ma seule obsession est de retrouver mes chevaliers pour franchir triomphalement la ligne en leur compagnie.

Ces derniers kilomètres sont interminables et j'attends la délivrance avec impatience. Enfin, j'arrive au bout du port de Vannes, mes enfants sont là, le grand fera les 500 derniers mètres à mes côtés et le petit prendra un raccourci pour me retrouver dans les 50 derniers mètres.

 

Quel soulagement, ce moment que j'attendais depuis maintenant un an est arrivé, ça y est j'ai vaincu le signe indien et suis bel et bien en leur compagnie sur la ligne d'arrivée. C'est un trop plein d'émotions indescriptible qui m'envahit pendant quelques instants. L'accomplissement d'un rêve, d'un moment unique auquel je n'osais plus croire. Oui, ils pouvaient être fiers de leur papa, et plus encore que le résultat final, le plus important était là.

Passé ce moment d'euphorie, la pression retombant, je m'écroule quasiment quelques mètres plus loin, mais tout cela n'a plus grande importance.

Je réalise à ce jour ma meilleure performance sur cette épreuve et termine à la 19ème place en 8h51'39" et améliore mon record sur l'épreuve (dans sa nouvelle version) de plus d'1h30'.

Rendez-vous est déjà pris pour la prochaine édition où j'espère encore améliorer ce résultat.

 


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