Le trail de Bourbon vu par… une accompagnatrice (la suite…)

 

Retour sur la première partie se mon récit

Ma course à moi

Je retrouve mon bolide et sans perdre de temps direction « Sans souci » qui est le 2ème point de ravito. Cela fait déjà 2h30 que je suis la route et à 4 km du lieu du ravito, l’organisation réoriente les automobilistes sur des chemins de travers et n’autorise personne à passer, cela crée bien sûr des bouchons énormes. Il fait maintenant grand soleil (pour ne pas dire trop chaud…) et je suis encore bloquée dans la voiture à ne pas savoir comment sortir de là. En attendant, les minutes défilent et je me demande si je vais réussir à voir Michel. Avec un peu d’appréhension, je décide d’appeler Mimi le Traileur pour lui faire état du trafic et de ma désolation et du fait que je ne pourrais, malheureusement pas venir à sa rencontre avec le ton triste qui convient… Il décroche et m’écoute quelques secondes alors que je lui fais état de la situation, puis me coupe brusquement la parole et se met à hurler au téléphone ce qui suit… Je cite mon héros « j’en ai rien à foutre, tu fais comme tu veux mais tu ramènes ton cul au ravito ! J’ai besoin de mon lait au chocolat !!! » puis rajoute « Je t’aime mon cœur, à tout à l’heure » et enfin me raccroche au nez. (Première pensée qui me vient, waouh ! il a retrouvé de l’énergie mon Mimi, c’est cool et la pensée qui me vient juste après, oui mais… j’fais comment moi maintenant ?!). Mon niveau de stress monte très légèrement (non… en fait, je commence à paniquer !).

Petit coup de stress

Pas le choix, je gare la voiture en catastrophe sur le bas côté de la route, récupère le panier qui contient son fameux breuvage, prends mon sac à dos et me mets en mouvement pour entamer la montée qui mène au ravito. (Mais qu’est ce que j’fous là… ? oui, j’sais, je l’ai déjà dit !) Un coup d’œil sur ma montre, il arrive dans 10 minutes et moi je viens à peine d’entamer ma montée… je vais devoir faire du Stop et me mets devant la première voiture qui passe pour lui demander de m’emmener jusqu’en haut, sur le lieu du 2e ravito. Une dame qui rentrait chez elle s’arrête. Ils sont supers sympas les Réunionnais. Par je ne sais quel miracle (j’en suis la première étonnée !), j’arrive avant lui, quel soulagement !

A peine quelques minutes passent avant qu’il me retrouve. Il a meilleure mine que tout à l’heure. Il se précipite pour attraper et boire sa fameuse boisson tout en me racontant le plaisir qu’il a ressenti lors de sa belle descente (j’espère qu’il ne va pas le payer cher par la suite …) Mimi le Taileur avale, 1 puis 2 puis 3 yop et enchaine avec deux verres de lait. Et là, mon héros se tourne vers moi alors que je lui tire le portrait et me fait part de l’idée de génie qu’il venait d’avoir… je cite « Je ne peux plus boire d’eau, ni mes gourdes non plus ! Je ne peux plus avaler que du lait !». Alors, je garde mon calme et fais des respirations profondes (quand je pense aux temps qu’il a mis pour préparer ses mixtures et moi qui me les coltine dans le panier…Grrrrrrr…) Passons… il gère plutôt bien son effort, je ne me formalise pas et le laisse reprendre sa course.

C'est reparti pour un tour !

 Je retrouve mon bolide et c’est parti pour le prochain point. La fatigue gagne du terrain et cela commence à se faire sentir dans mon corps. Il est 13h passé et dans la précipitation, j’ai oublié de manger. Alors, je remplis ma bouche de chips pour me requinquer (on se motive comme on peut …) grignote ce qui me passe sous la main alors que je continue à conduire.

J’arrive, non sans mal au point suivant « Chemin Ratineau ». Beaucoup d’automobilistes prennent les routes pour suivre la course de plus prêt et par conséquent ralentissent le trafic. Je suis au volant depuis 5 heures du matin et même si ce n’est pas moi qui fais la course, je commence à ressentir le poids des kilomètres parcouru. Après 1km de marche pour rejoindre le 3e ravito, je m’installe à un point stratégique pour que Mimi puisse m’apercevoir dès son arrivée. Et j’attends…m’impatiente…me questionne et j’attends. Il est au dessus de l’heure prévue et son temps est rallongé d’une heure. Alors que je consulte le site pour essayer de deviner où il peut être, je le vois.

Nous sommes en plein milieu de l’après midi et il fait très chaud. Mimi le Raleur a bien noté ce changement de température. Il me dit que ses pieds lui font souffrir et sa gourde remplie il me précise qu’il préfère un Yop frais ! Puis se met en route en marmonnant je ne sais quoi (je me dis que s’il râle c’est qu’il va bien …)

Pas le temps de souffler !

Le point suivant se situe dans la ville, la route est plus praticable et je ne tarde pas à arriver à « La Possession ». Par contre trouver où se garer devient problématique. Et après avoir fait le tour de la ville 3 fois, je trouve enfin où poser mon bolide. Au même moment, le soleil commence doucement à se coucher, c’est un spectacle magique. Je prends un moment pour admirer les magnifiques couleurs qui habillent lentement le ciel (un petit moment de répit…). J’essaie de joindre Mimi pour lui indiquer où il pourra me voir mais le téléphone sonne dans le vide. Il est en retard sur son temps et j’ai un pressentiment (un imprévu de plus….) Après un long moment d’attente je l’aperçois, au loin. Il marche lentement et a son téléphone à l’oreille.

N’arrivant pas à communiquer par téléphone et sans trop réfléchir je crie son nom tout en m’avançant dans sa direction (imaginez le regard des personnes qui m’entourent…). Il me voit et lui aussi cri (mais lui c’est parce ce qu’il est fâché…). On se rejoint et la première phrase de Mimi le Raleur : « donnes moi mon Yop ! » moi : « Ben je n’en ai pas trouvé…je suis dans une ville que je ne connais pas je te rappelle ! » le Raleur : « Quoi ?! 3 heures que t’es là et tu n’as même pas été m’acheté du Yop ?!... » (Alors …comment dire… je l’étrangle ou pas… ?) La fatigue s’empare de moi et il me prend subitement une envie incontrôlable de pleurer. Alors que je tente de retenir mes larmes, je le regarde et l’image de cet homme qui se donne à fond dans ce qu’il croît et son courage me bouleverse. C’est sa 60e et je veux que sa course lui soit le moins pénible possible. Puis il repart triste et je me sens un peu coupable…(Bon…je vais lui trouver son Yop de m….)

Dernier point avant l'arrivée

Ca y est j’ai les précieux Yop ! Je l’attends à la « Grande Chaloupe » avec impatience pour qu’il puisse en boire à souhait et se requinquer. Je réalise qu’il est en course depuis maintenant 20h et qu’il ne tient qu’à peu de chose. Michel est un sportif hors pair. Un caractère bien trempé mais un traileur qui a eu l’intelligence de basculer sur un mode qui lui a permis d’avancer malgré tout.

La nuit est tombée et je me sens remplie de fierté alors que je le vois s’avancer vers le ravito où je me trouve. (je nous revoit encore…) Il est assis près de moi et j’ai envie de lui dire combien je suis fière de lui, combien j’admire l’homme qu’il est mais les mots me manquent (trop d’émotions…ou la fatigue je ne sais plus bien…) Il y a des moments où juste une présence, une écoute, un sourire veulent dire la même chose… (ca tombe bien parce que c’est tout ce que j’ai pu faire). On se quitte en se disant que la prochaine étape est la dernière. On se retrouve à l’arrivée !

Une longue attente !!

La ville est très animée. Il y a une foule de gens autour et dans le Stade qui est le lieu du dernier point de toutes les courses en cours. Obligée de me garer très loin du Stade car pas possible de trouver une place de parking (la galère !)

Je sens la pression qui retombe alors que Michel occupe toutes mes pensées. Allongée dans un coin du stade, proche de l’arrivée pour ne pas rater son arrivée, je regarde les étoiles. Mon état de fatigue est tel que j’ai froid alors qu’il fait 21 degré. Mes yeux se ferment sans que je puisse les contrôler et je me remémore ma journée (et je me dis que je suis bien contente qu’elle se finisse bientôt). Un regain d’énergie et je décide d’attendre Mimi à l’entrée du stade. En attendant qu’il arrive, je vois les participants emprunter le petit chemin qui mène au centre du stade. Certains courent à la vue de leurs proches qui les attendent avec joie et d’autres sont tellement émus qu’ils sont en pleurs et réalisent à peine ce qu’ils viennent de parcourir. Une ambiance indescriptible règne et je suis moi aussi touchée par tous ces élans.

La délivrance !!

Chaque silhouette que j’aperçois à la lueur des lampadaires, qui se rapproche du public, m’induis en erreur, je l’imagine être celle de Michel… Attente interminable… Et alors que je ne l’attendais plus, il est plus de 23h quand je le devine, je le vois s’avancer dans l’ombre et venir à ma rencontre. Je lis sur son visage marqué le plaisir et le soulagement…C’est fini, enfin. Nous passons sous la banderole « ARRIVEE » main dans la main. Je suis tellement fière de Mimi le Traileur ! Tu l’as fait Mimi, tu es finisher ! Une très belle 114e place ! Et Merci pour cette belle aventure et encore bravo !!!

Ma conclusion

Je conclurai mon récit, en précisant que la performance ne se résume pas qu’au résultat ni au chrono. C’est aussi, se dépasser physiquement et mentalement. On se révèle à soi-même dans la difficulté. L’adaptabilité et la ténacité renforcent la confiance en soi. Savoir s’écouter et s’entourer peut contribuer à mieux vivre sa course et à en garder de bons souvenirs. Les accompagnants vibrent autant que les athlètes et leur rôle est aussi important que la médaille que reçoit le sportif à la fin de son épreuve ! (Dédicace aux amoureux du sport.. coureurs et suiveurs, au plaisir d’échanger à la croisée d’une course !)

Amicalement vôtre…Péline


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