La 6000D – La Plagne

Samedi 28 Juillet 2012

Vendredi en fin de matinée, départ vers La Plagne avec mon pote Jean Nöel, au programme 6-7 heures de route, malheureusement Paris est bien loin de ces belles montagnes que j'affectionne tant !

Il y a de cela une bonne dizaine d'années je parcourais ces routes toutes les semaines pour mon travail de l'époque, depuis l'eau a coulé sous les ponts, et cela fait tout aussi longtemps que je n'ai pas, à mon grand regret, eu l'occasion de revenir dans la région.

Passons sur les états d'âme, nous arrivons finalement au village d'Aime vers 17h, le temps pour nous de récupérer nos dossards tranquillement avant de poursuivre notre route jusqu'à la station de La Plagne où nous avons élu domicile pour le week-end.

Le temps de s'installer, de diner et nous ne tardons pas trop à aller dormir, le réveil sonne très tôt demain matin !!

Samedi matin, réveil un peu avant 4h du mat !! dur dur, mais pas le temps de traîner, juste le temps d'avaler un ptit dèj improvisé et d 'affiner les derniers préparatifs et nous voilà partis vers la ligne de départ, faut dire que les organisateurs nous ont programmé un départ à 6H du matin, dès lève-tôt dans cette région !!

6H-10 nous entrons dans le sas de départ, moi comme à l'accoutumée, je me faufile parmi la foule pour remonter vers la ligne de départ. Le départ est sur le point d'être donné lorsqu'une petite pluie fine commence à tomber. Le ton est donné !!

6H, ça y est, les fauves sont lâchés !!! le premier kilomètre est en légère descente et le rythme est très élevé, je suis moi-même à 15km/h dans ce premier kilomètre, c'est bien rapide, mais je me fais plaisir, le parcours longe encore l'Isère pendant 2km et je temporise un peu, tout en gardant un rythme aux alentours des 13km/h. Je le sais, la suite des réjouissance va très vite arriver !!

Dès le 4ème kilomètre, la route commence à s'élever, sil est encore possible de courir dans des pourcentages qui avoisinent tout de même les 10%, la suite va être encore plus difficile à partir du 5ème km. Dès lors, plus question de courir, il est temps de sortir les bâtons, qui s'avèreront fort utiles tout au long de la journée.

Nous remontons à travers les bois jusqu'au village de Montalbert, lieu ou nous allons croiser notre première piste de ski de la journée, la pente se fait encore un peu plus raide et de mon côté je commence à m'habituer à la technique de marche avec les bâtons. Faut dire que c'est ma première course avec autant de dénivelé et que par chez moi, il n'y a pas trop de montagnes à escalader.

J'adapte mon rythme aux circonstances, et je m'en tire plutôt bien. Nous poursuivons cette incessante montée vers le village de la Plagne entre pistes de ski et forêt. Nous voilà maintenant au dessus de 2000m, déjà plus de 1300m gravis en environ 2H de course. Je suis toujours dans les temps prévus, comme quoi, malgré le manque d'expérience, ma modélisation pour cette course n'est pas si mauvaise que cela !!

Nous voila désormais en approche de La Plagne, une petite descente raide nous amène vers le premier ravitaillement. C'est à ce moment que la pluie décide de revenir et de tomber abondamment, et nous d'entendre 3 coups de tonnerre, qui nous ne le savons pas encore auront toute leur importance !

Je profite du ravitaillement pour sortir le coupe-vent, que j'avais hésité à emporter au départ, mais que je suis très content d'avoir pris avec moi, et ce malgré le surpoids que cela occasionne !!

Nous poursuivons notre ascension en direction de la Roche de Mio qui culmine à 2681m, plus de forêt depuis bien longtemps, mais de vertes prairies, des pierres et un lac de retenue d'eau pour l'alimentation du village. Nous nous approchons de la haute montagne, mais le plafond est bien bas et il pleut toujours.

Un peu plus loin, la mauvaise nouvelle nous parvient par l'intermédiaire de signaleurs : nous n'iront pas au glacier aujourd'hui, l'orage aura eu raison de notre rêve de toucher les cimes enneigées... Au dernier moment, alors que l'orage battait son plein et que les premiers coureurs étaient déjà en approche du col de la Chiaupe, les organisateurs ont été contraint de détourner le parcours et de supprimer la boucle qui devait nous emmener à plus de 3000m. Ma première réaction est de la frustration et de la tristesse, mais il faut respecter la montagne, et rester humble face aux éléments.

C'est donc sur un parcours tronqué de sa partie la plus spectaculaire que nous allons poursuivre la course. Environ 6km de moins à parcourir et 500m de dénivelé en moins. Mais cela ne retire rien à la difficulté de l'effort.

La descente qui s'offre à nous est assez raide, boueuse et caillouteuse à souhait. On reconnait facilement les gens du coin qui descendent avec une aisance insolente, de mon côté, bien que plutôt efficace en descente, je suis contraint d'y aller prudemment, je m'aide beaucoup des bâtons pour sécuriser mes foulées, car niveau chaussures, je comprends vite que je n'ai pas fait le choix adapté aux circonstances, je n'ai pas de grip sur ce sol si délicat, c'est un peu comme rouler avec des pneus slicks sur une piste détrempée....

Malgré cela, je m'en sors pas trop mal et j'ai encore des réserves et me sens plutôt frais, en plus on vient de faire l'économie de 500m d'ascension, alors on ne peut que se sentir léger !!

Cette descente défile rapidement et me voila au niveau du chalet du Carroley, le temps de boire un petit verre d'eau et d'attaquer la dernière grosse difficulté : la montée du col de l'Arpette !!

Cette côte présente un secteur à plus de 20%, pour un total de 400m à gravir, ce qui pourrait paraître relativement abordable en comparaison de ce que l'on a déjà grimpé, mais justement... on a déjà plus de 2500m de D+ dans les pattes, et elle fait mal, très mal cette montée du col de l'Arpette !! Je décide de prendre mon temps, et tant pis pour les quelques places de perdues, car la fatigue commence progressivement à s'installer et je perds un peu mes repères, ne mange pas assez, ne boit pas assez...

Heureusement, la motivation de se dire qu'une fois en haut, la suite ne sera presque plus qu'une longue descente, me remotive rapidement, et je fini par venir à bout de cette belle montée !!

Le retour vers Belle Plagne n'est qu'une formalité, je fais juste en sorte de rester le plus vigilant possible car un faux pas est vite arrivé, le paysage est toujours magnifique et la chaleur commence à faire son apparition, la pluie a cessé et au fur et à mesure que l'on redescend vers la vallée, la température monte.

Le chemin qui traverse Belle Plagne passe juste au dessous des fenêtres de l'appartement dans lequel nous résidons... mais pas le temps de s'arrêter faire une sieste. La traversée du village est colorée et la foule nombreuse à nous acclamer, l'ambiance est incroyable, cela me redonne quelques forces pour la suite.

Sortie de Belle Plagne le chemin se dirige rapidement vers Bellecote où nous attends une foule tout aussi impressionnante et un ravitaillement qui est le bienvenu mais sur lequel je ne m'éternise pas.

La descente se poursuis maintenant dans la forêt avec des passages plus ou moins raides qui font mal aux pieds et aux cuisses, peu habituées à endurer de telles épreuves. Si malgré la fatigue la descente aide à conserver un rythme correct, les choses vont se corser à partir de Montchavin, il ne reste plus alors qu'une dizaine de kilomètres, mais ceux-ci présentent de nombreuses petites bosses que j'ai énormément de difficultés à gravir, à chacune d'entre elles, mon élan est coupé, et le temps que je puisse relancer... la suivante arrive.

Ces derniers kilomètres de descente sont plus corsés que prévu, et je vois mon objectif s'éloigner un peu plus, moi qui espérait boucler l'affaire en un peu moins de 6h (en tenant compte de la suppression du glacier), je dois maintenant me résoudre à lutter pour terminer en moins de 6H30, ce qui est encore jouable mais sans véritablement de marge de sécurité !

On rejoins alors les bords de l'Isère, synonyme d'arrivée proche, 2km de bitume plat avant de rejoindre la montée vers le village d'arrivée, mais il n'y a plus d'essence dans le moteur et si j'aperçois au loin 2 concurrents devant moi, impossible de les rattraper, pire, scotché sur ce bitume plat qui fait encore plus mal que les montées et descentes précédentes, je me fais rattraper par 2 autres coureurs.

Un petit pont pour traverser l'Isère, puis la montée vers le village, j'essaie alors de relancer l'allure, les 2 de devant moi sont au ralenti dans la montée, cela me donne le courage d'y aller, mais une fois au rond point, je pensais rejoindre directement l'arrivée, tout droit, juste en face à peine 100m devant, mais non. Il n'en est rien, nous devons faire le tour par la rue commerçante et contourner l'arche d'arrivée par l'arrière.

Ces 500m supplémentaires sont très difficiles quand on imaginait en avoir fini ! Un peu découragé, je me relâche un peu, les jambes coupées, 2 autres coureurs reviennent de l'arrière et me déposent dans la rue commerçante, encore un virage et c'est l'arrivée. Non !! c'était sans compter sur dernier détours. Au lieu d'être abattu, j'ai un soudain regain d'orgueil, et me lance dans un véritable sprint, je rattrape et dépose le premier coureur, reviens sur le second et le dépasse juste avant le dernier virage. Plus que 100m, je ne peux plus tenir une telle cadence et commence à faiblir, mais j'entends derrière moi ce coureur que je viens de dépasser qui reviens fort derrière moi. Dans un dernier sursaut, aussi beau qu'inutile, j'en remets une dernière couche, pas question de se faire dépasser si prêt du but !

Je franchis finalement l'arrivée en 118ème en 6H30'... et 14" presque dans le temps que je visais depuis quelques temps, mais c'était alors sans compter sur les détours à l'intérieur de la ville.

Mon pote quant à lui en a encore pour un bon moment, j'aurais le temps de passer par les kinés et la douche avant qu'il ne me rejoigne.

Si je suis triste de ne pas être monté sur le glacier (j'irai d'ailleurs le lendemain matin pour faire la partie manquante du parcours...), mes jambes et mon corps quant à eux ne s'en sont pas plein du tout !! Merci aux organisateurs de cette course de nous avoir offert une telle épreuve, et je suis impatient d'être à l'année prochaine pour revenir, cette fois je l'espère, sur un parcours complet, et encore plus difficile.


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