Gruissan Phoebus Trail 2016 : Retour sur terre…

Gruissan Phoebus Trail - 50km - 2016

dimanche 14 février 2016 - Gruissan - 9h00

Après une première escapade du côté de Narbonne il y a deux ans, et après avoir juré qu'on ne m'y reprendrai plus, je n'ai pu résister à l'envie de retourner me frotter à cette course aussi belle que difficile.

Si ma première expérience ne fût pas très glorieuse et surtout empreinte d'une vilaine tendinite qui m'obligea à courir en dedans, j'étais fermement décidé à prendre ma revanche et à faire de ce Gruissan Phoebus Trail la première grande course de ma saison 2016.

Gonflé à bloc, plein d'ambition et de détermination j'avais à coeur de bien faire et de débuter l'année sur de bonnes bases. Mais c'était sans compter sur l'exceptionnelle densité du plateau ( avec pas moins d'une bonne dizaine des meilleurs traileurs français au départ ) et sur un terrain toujours aussi difficile à dompter.

Pourtant tout ne se présentait pas si mal que cela... Pour une fois, chose assez rare, j'ai quasiment été en mesure de mener à bien ma préparation hivernale. Même si je n'ai pu échapper à mes traditionnelles gastros et autres rhinos, elles ont eu la délicatesse de ne pas trop me perturber. Les blessures, autre tradition hivernale, m'ont elles aussi laissé, plus ou moins, tranquille. Seule ombre au tableau, une mauvaise chute sur les genoux lors de l'Issy Urban Trail le week-end avant la course.

Mais soyons réalistes : étais-je préparé pour affronter cette épreuve, ses difficultés et ses spécificités ? La réponse est clairement non ! Car si, sur le papier, le Gruissan Phoebus Trail ressemble à une balade de santé, la réalité est tout autre ! Il n'y a certes pas énormément de dénivelé, mais le terrain est technique, cassant, accidenté. Dextérité, vigilance, agilité sont nécessaires pour être performant sur un tel terrain.

Ce sont des qualités que je n'ai pas eu l'occasion de développer pendant l'hiver : aucun trail depuis la Saintélyon... soit pratiquement 2 mois, et une seule petite sortie en forêt en guise de préparation... Logiquement, je ne pouvais donc pas m'attendre à un miracle. Les qualités foncières que j'ai entretenues et développées me seront certes d'une grande utilité, mais ne remplaceront pas le travail spécifique nécessaire pour être au top sur une course si particulière et exigeante !

Telle est la dure loi de notre sport, ingrat qu'il peut être et qui ne pardonne aucune erreur ou manquement dans la préparation.

Même si le résultat n'aura pas été tout à fait à la hauteur de mes attentes, même si mon jugement envers moi-même est parfois un peu excessif, cela restera malgré tout une belle course dont voici maintenant le récit :

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Mon récit du Gruissan Phoebus Trail 2016

Premier objectif important de la saison 2016, ce n'est pas sans quelques appréhensions que je me dirige en ce dimanche matin vers la ligne de départ située en face du Casino de Gruissan. Même si cela s'apparente maintenant à une certaine routine, le premier départ de l'année est toujours un moment à part, celui qui signifie concrètement la fin de la préparation hivernale et le début des hostilités !

A 9h, le départ est donné, telle une horde de furieux, les coureurs s'élancent à fond dès le départ. Vu le niveau présent ce matin, je ne chercherai même pas à suivre ce rythme de fous. Je pars à mon rythme et accélère progressivement. Un peu englué dans le peloton au départ, je me retrouverai aux alentours de la 20ème place au moment d'aborder la première grosse côte de la journée. Un gros raidillon qui, d'entrée, calme les ardeurs.

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Seuls les tous premiers parviennent à le grimper en courant, comme la plupart des autres concurrents, je grimpe à mon rythme, en marchant pour ne pas y laisser trop de plumes. Mon travail hivernal en côte porte quelques peu ses fruits, car contrairement à l'habitude, je ne pers pas trop de places durant cette montée. Tout au plus je dois me retrouver aux alentours de la 30ème position.

En ce début de course, je me sens plutôt bien, je suis calé dans les traces de Thomas Saint-Girons qui a pris un départ prudent. La descente qui suit est un petit single où il est très difficile de doubler, je suis un peu en dedans, l'occasion de récupérer tranquillement de la première côte. Tous les voyants semblent être au vert, et ma position se stabilise.

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Inévitablement je laisse quelques plumes dans les montées, mais rien de bien méchant. Pour le moment, le parcours est très roulant et ne présente aucune difficulté technique... mais cela ne va pas durer, et au fur et à mesure que l'on s'avance dans le massif de la Clape la technicité des chemins s'accentue.

De plus en plus de cailloux, rocailles se mettent en travers de notre route, rendant la progression plus difficile. Rapidement je dois me rendre à l'évidence, je ne suis pas armé pour lutter efficacement sur ce type de terrain. Inéluctablement mon rythme s'en ressent, même lorsqu'il n'y a pas trop de dénivelé : je perds un temps fou à la moindre difficulté du parcours... et les portions roulantes sur lesquelles je peux relancer se font assez rare !

Malgré tout, je profite du spectacle qui s'offre à moi, le décor est somptueux, majestueux. Nous ne sommes pas en haute montagne mais le paysage n'en est pas moins magnifique. Je dois osciller aux alentours de la 30ème position... loin de mes ambitions de départ !

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Forcément, le moral en prend un petit coup, les jambes sont moins toniques, les douleurs aux tendons se réveillent, et j'éprouve beaucoup de difficultés à relancer l'allure. Petit à petit la résignation est en train de prendre le pas sur la détermination. Je dois le reconnaître, je ne suis pas dans un grand jour, le physique est moyen et le mental ne parviens pas à faire tenir la mayonnaise !

Le travail accompli pendant l'hiver me permet malgré tout de ne pas sombrer totalement et de me maintenir plus ou moins à flots. Je passe entre différentes phases allant du plaisir à la lassitude, de l'envie à la démotivation... sentiments étranges qui se bousculent dans ma tête avec pour seul fil d'Ariane ce terrain merveilleux mais au combien difficile !

Malgré tout, petit à petit, je commence à remonter quelques concurrents, à chaque fois une petite bouffée d'oxygène, un petit sursaut de motivation, qui me permet de m'accrocher et de me dire qu'il ne faut rien lâcher, faire le job jusqu'au bout, que tout compte fait, je ne suis pas si mal que je pense l'être !

Les kilomètres défilent et je me rapproche de la partie la plus compliquée du parcours, celle que je redoute tant et qui se situe entre le 30ème et le 40ème km : quelques passages raides et accidentés, un long canyon de près de 5km, constitué presque en exclusivité de rocailles dans lesquelles j'ai l'impression de ne plus avancer du tout. Bref, une longue traversée du désert, là où tout se gagne... ou tout se perd !

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J'y laisserai de nombreuses plumes ! Si jusque là j'étais parfaitement dans le rythme de ma feuille de route, je perdrais, rien que dans cette portion, pratiquement 10 minutes sur mon plan de marche ! Cependant je ne dois pas être le seul à souffrir, car bien que j'ai l'impression de sombrer, de me faire engloutir par la montagne, derrière cela ne revient pas !

Seule Lucie Jamsin (la 1ère féminine) me rejoindra peu avant le 35ème km, juste avant de se faire une grosse frayeur dans une terrible chute qui a bien failli lui coûter cher ! Heureusement pour elle, et grâce à l'aide de son 'poisson pilote' elle repartira, très vite, le couteau entre les dents. Je parviendrai à la suivre ainsi pendant quelques kilomètres avant de lâcher prise, définitivement dans une côte un peu raide où mes jambes étaient incapables de relancer.

Comme si mes tendons et mes jambes un peu molles n'y suffisaient pas, voilà que je me choppe un terrible point de côté ! Cela faisait des années que cela ne m'étais pas arrivé ! J'ai beau m'hydrater, me concentrer sur ma respiration, rien n'y fait ! Il m'accompagnera, tel un poignard planté dans le bide, jusqu'à l'arrivée (j'en souffrirai encore pendant quelques jours après !). Je ne dois pas rendre les armes pour autant, d'autant que me voici enfin sorti de cet 'enfer' aux alentours du 40ème km et à l'approche du 2ème ravitaillement.

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La fin est plus roulante, plus accessible, même s'il reste encore 3 belles montées qui me rappelleront que mes jambes sont à bout de force ! Je ne sais pas exactement où j'en suis dans le classement, mais peu importe. Ce qui compte, c'est d'en finir au plus vite.

Au loin j'aperçois un coureur qui a l'air d'avoir du mal à en finir, cela me donne un point de mire, une petite motivation pour aller au delà de ma douleur et tenter, même si le terme semble dérisoire, de relancer la machine. Péniblement je parviens à sa hauteur, quelques signes d'encouragements mutuels et je poursuis ma route... et lui la sienne. Plus tard j'apprendrais qu'il s'agissait en fait de Julien Jorro, l'un des tous meilleurs traileurs qui malheureusement était dans un très mauvais jour.

Après un petit raidillon en descente, une piste cyclable et devant moi la dernière côte du parcours, signe que la fin est proche. Personne devant, personne derrière... je monte cette côte à ma main, tout en essayant de conserver le meilleur rythme possible... enfin ce qu'il en reste ! Après quelques minutes d'effort, je bascule dans la dernière descente, un peu piégeuse par endroits, je ne prends aucun risques.

Il ne reste maintenant plus que 2 kilomètres de plat pour en finir, le gars devant moi est beaucoup trop loin, mais en jetant un oeil sur l'arrière j'aperçois un coureur qui semble revenir. Je me fais alors violence, pas question de me faire ramasser si près du but ! Je puise dans mes dernières forces, mon point de côté se ravive, je serre les dents, la souffrance est bien présente. Qu'elle est longue cette dernière ligne droite !

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A quelques centaines de mètres seulement de l'arrivée, et malgré tous mes efforts, je suis rejoins par ce coureur qui semble bien plus frais que moi. Quelques mots rapidement échangés et je comprend... que c'est un coureur du relais !! Je n'ai donc rien a craindre et peux le laisser filer ! Je n'ai plus qu'à dérouler pour terminer tranquillement et franchir la ligne en 4h40'56"... à la 26ème place.

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Conclusions :

Tout au long de mon récit j'ai été assez dur envers moi-même car j'attendais beaucoup de ce premier rendez-vous de la saison, mais c'était sans prendre en compte certains paramètres (technicité du terrain, préparation spécifique, niveau de la concurrence,...) qui font que le résultat obtenu, tout en étant de qualité, n'est pas exactement celui escompté.

C'est pourquoi il faut relativiser et se dire que cela restera malgré tout une très bonne course, gérée avec les moyens du bord, et dont je ne dois absolument pas avoir à rougir.

A moi d'en tirer par ailleurs les enseignements nécessaires pour pouvoir mettre tous les atouts de mon côté la prochaine fois pour espérer faire encore mieux.

Les résultats du Gruissan Phoebus Trail

tous les résultats sur le site officiel de la course : Gruissan Phoebus Trail

Toutes mes photos du Gruissan Phoebus Trail

Une fois n'est pas coutume, j'ai eu la chance de récupérer de nombreuses photos lors de cette course, cela me fais bien plaisir, surtout à l'époque où la plupart des organisations ont tendance à faire du business sur le dos des coureurs en tentant de leur vendre leur propre images.

Merci donc à ceux qui m'ont fourni les clichés et en particulier à :

... et pour terminer quelques vidéos

 

 


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