Le trail de Bourbon vu par… une accompagnatrice

Ma version du Trail de Bourbon...

Péline vous donne sa version du Trail vue par une accompagnatrice

Je commencerais mon récit par vous évoquer brièvement le lien entre le sportif et l’accompagnement. Il y a un rapport de cause à effet entre l’accompagnement et la performance. Il me semble important de ne pas négliger les dimensions psychologiques et mentales dans l’activité d’un sportif. De ce fait l’accompagnant est chargé de mettre en place les meilleures conditions possibles pour un résultat à la hauteur du niveau du sportif.  Il a d’ailleurs été démontré dans une étude faite en 2008 l’impact positif de l’accompagnement sur l’état et le comportement d’un athlète mais également l’impact sur les résultats escomptés.

Cela fait maintenant 10 ans que j’accompagne mon sportif dans sa passion, Le Trail. (Cela ne nous rajeunit pas …) Nous sommes partenaires dans ses aventures sportives et également partenaires de vie… (Pas évident tous les jours…) J’admets qu’il n’est pas simple de combiner ses deux relations et de trouver un juste équilibre sans que ni l’un ni l’autre ne se sentent lésés. Néanmoins avec le temps, une certaine complémentarité s’est naturellement installée. Parfois sur le terrain, parfois à distance, au fil du temps je suis devenue, sans forcément le vouloir, en quelque sorte son support. Tant est si bien que j’en fais mon métier. A présent, je suis officiellement coach mental. Merci Michel Bowie  (Alias Mimi le Traileur)

Vous, qui lisez régulièrement les aventures de Michel, j’ai eu envie de vous compter MA version de sa dernière course qui est comme vous le savez le fameux Trail de Bourbon 2018. Voici donc mon compte rendu en tant qu’accompagnatrice de Mimi le Traileur et j’ai, quelque peu, une vision différente de cette même course qui m’a autrement marqué !

Préambule

Mimi le Traileur est très organisé et extrêmement minutieux quand il s’agit de préparer une course (pour ne pas dire inflexible…) Alors, une fois dans l’année, nous aimons nous plonger dans l’inconnu total pour découvrir une nouvelle façon d’aborder la course tout en combinant notre plaisir commun de voyager.

Et cette année, nous avons opté pour l’Ile de la Réunion. (l’annonce du lieu sonne bien à l’oreille n’est-ce pas ? Parait même idyllique…) On peut aisément imaginer un beau soleil qui vient telle une caresse réchauffer notre peau, nos pieds baignant dans l’eau claire du lagon, les chants des oiseaux aux couleurs éclatantes et les beaux paysages qui s’offrent à nous au travers de jolies randonnées dans des décors de carte postale… Oui, on peut l’imaginer. Permettez moi de vous demander, Etes-vous déjà allé en voyage avec un mordu du Sport ? Et bien, laissez-moi vous dire que c’est aussi la promesse de plein de rebondissements en perspective, des sautes d’humeurs, des imprévus, beaucoup d’imprévus et des fous rires assurés… c’est loin d’être le Club MED !

L'avant course... le début de l'aventure

Plantons d’abord le décors… Nous sommes donc dans l’avion (seulement 11h de vol) en partant pour l’Ile de la Reunion pour réaliser l’un des rêves de Michel, faire le GRAND RAID. Du moins prendre la température en commençant par le Trail du Bourbon qui ne fait « que » 111km. Ni lui ni moi, ne réussirons à fermer l’œil durant tout le vol. Nous arrivons donc à destination avec une carence en sommeil (un détail qui pourtant va peser lourd dans le résultat final).

 Malgré la nuit blanche, notre excitation se lit sur nos visages et sommes déjà entrain de songer aux différents scénarios à potentiellement mettre en place. Oui, car il y a l’avant course, le pendant et l’après course à organiser (Que du bonheur quoi ! enfin surtout pour Michel…). A ce stade de l’aventure, nous sommes bien loin de nous douter de ce qui nous attend réellement… (si j’avais su, je serais pas venue !)

Les trois premiers jours sont dédiés aux repérages des points de ravitos et reconnaissance partielle du parcours. Pour votre information, Les paysages sont certes magnifiques mais les routes sur l’Ile sont très sinueuses et tortueuses. La plupart des chemins sont difficiles d’accès et certains sont remplis de nids de poule. Ca monte et ca descend tout le temps ! Sans compter les longues distances entre les différentes villes et points. La conduite peut rapidement en devenir pénible. Pour l’anecdote, il nous est même arrivés de tomber sur des champs de canne à sucre alors que le GPS disait « Vous êtes arrivés à votre destination » (Grrrrrrrrrr….) Vous n’aurez pas de mal à imaginer ce que l’on peut ressentir dans ces moments là… Bref, le repérage fait, nous sommes quelques peu raccords sur les points où nous allons nous voir Mimi et moi.

L’état de fatigue de Michel est tel que nous décidons de réserver les deux jours suivants aux repos du guerrier. Il faudra prendre son état physique du moment en compte dans les prévisions. Dans la séance de Sophrologie prévue la veille de course, j’intègre aussi la possibilité d’une passation d’un objectif à un autre si le besoin s’en faisait ressentir. La visualisation de sa course baisse un peu son niveau de stress et lui donne des idées pour vivre son aventure au mieux. L’essentiel pour moi à ce stade c’est qu’il soit content de sa course et qu’il revienne en un seul morceau (Là, c’est la partenaire de vie qui parle vous l’auriez compris).

Le jour J

Le réveil sonne et nous sommes déjà le jour J. Lui et moi sommes prêts à entamer le 60ème Trail de sa carrière, non sans une petite pointe d’appréhension, pour être tout à fait honnête. Peu importe, quoi qu’il arrive ce sera une belle aventure !

La journée laisse place rapidement à la nuit et nous sommes déjà en route pour le départ de la course qui est à Cilaos c'est-à-dire à 2h de notre lieu de résidence. Le Grand Raid est un événement national sur l’Ile et une incroyable solidarité anime la population. Pour preuve, notre propriétaire Jacqueline a tenu à nous conduire à CILAOS pour éviter à Mimi de stresser inutilement sur la route aux 400 virages qui serpente dans des remparts verticaux que l’on devine à peine dans la nuit. Nous ne sommes pas seuls sur la route et malgré notre rythme lent nous arrivons enfin à Cilaos.

La tension monte d’un cran et nous sommes vite envahit par le stress (vous savez, celui des débuts de courses ?..). Mimi Le Traileur se transforme en Mimi le Raleur ! Et quand en plus, il constate qu’il doit attendre dans un stade tel un lion en cage il devient de plus en plus charmant (c’est de l’ironie bien sur !).

Le grand départ

Après une demi-heure d’attente, les traileurs sont enfin en place et la course va démarrer incessamment sous peu. Malgré la nuit noire, la petite ville nichée dans la montagne est en effervescence et les habitants sont tous au rendez vous pour encourager les participants. Il y règne une ambiance très festive ! Il est 21h quand le départ est donné…Ca y est, la course est lancée (allééééééé Mimiiiii !!!!) et après quelques photos pour illustrer la scène … j’entame le programme comme prévu !

Ma mission consiste schématiquement à le retrouver aux points accessibles en voiture pour d’abord pour lui donner ses aliments et puis le remotiver à relancer pour continuer sa course (ça promet d’être sportif pour moi aussi …) Il me faut avant tout, retourner à la résidence me reposer un peu, récupérer les ravitaillements et me mettre en route pour Maïdo qui est le 1er point où je vais pouvoir le voir. Un peu inquiète car lui aura déjà dans les pattes plus de 60 km et 4500m de dénivelé (je ne sais pas dans quel état je vais retrouver mon Mimi...)

De retour au bungalow, impossible de fermer l’œil. L’heure du départ approchant, je commence à charger la voiture et c’est à ce moment là que mon téléphone sonne. C’est Michel au bout du fil (Je comprends qu’il se passe un truc et que le plan va être modifié…des imprévus quoi !) Il me demande des préparations qui n’étaient pas prévues et me précise que l’heure à laquelle il arrivera au 1er point sera retardée de 3h. Sa voix est tremblante et je le sens fragilisé. Cela ne me rassure pas (pour ne pas dire que je commence à imaginer tout et n’importe quoi…) mais je veille à garder mon sans froid et me force à rester focus sur le programme.

Entrée en scène

Le jour est déjà levé quand je prends la route pour rejoindre Michel au point prévu (2h de route plus tard…). Les chemins forestiers que j’emprunte ne sont pas évidents et comme si cela n’était pas suffisant, il pleut (Je pense à Michel, comment va-t-il, s’est-t-il blessé…Qu’est ce que j’fous là … questions classiques quoi !) et je n’arrive pas à le joindre (j’ai envie de le croire….tout va bien !) Sans compter que l’on impose aux suiveurs de se garer à 6 km du ravito. Me voilà donc partie pour 6km de marche sous la pluie, avec un panier remplit de bardas inutiles mais nécessaire à avoir en cas de besoin et de mon sac à dos. Pour faire court, je suis chargée comme une mule… (Sinon ce serait trop facile !)

Pas sans peine, j’arrive enfin au point de rendez vous et je remarque qu’il cesse de pleuvoir. Je lève les yeux, histoire d’admirer le paysage et qui vois-je arriver ? Mimi le Traileur ! Contente de l’apercevoir, je prends quelques photos et remarque la déshydratation visible sur son visage. Puis, il est de mauvais poil (comme d’habitude quand il court!). On échange un temps sur les difficultés qu’il a rencontré et il finit par me dire qu’étant donné sa forme qu’il a décidé de n’être « que finisher » et d’oublier le chrono et la place visée (le Compétiteur acharné aurait-il viré de bord ?…). Nos regards se croisent et je lui fais un sourire bienveillant. Puis, je le vois tourner les talons et reprendre sa course (il est courageux mon Mimi quand même …)

La suite de mon aventure...


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