Trail de la Côte d’Opale – Au bout de l’effort…

Trail de la Côte d’Opale 2014 – 62 kms

dimanche 14 septembre 2014 – Wissant

C’est avec grand plaisir que je suis revenu cette année dans le Pas de Calais pour me frotter aux dunes et à la plage de Wissant, et même si j’ai longuement hésité avant de m’inscrire en raison de la proximité avec les Championnats de France qui ont lieu seulement deux semaines après, j’ai fais de ce TCO l’un des rendez-vous majeurs de ma saison.

Après quelques résultats mitigés sur les autres manches du TTN 2014, je me devais de marquer des points sur ce TCO afin de me replacer dans le classement. Malgré les enjeux que représentait cette course pour ma saison, c’est en totale décontraction que j’abordais cette épreuve. Pour preuve, et ceux qui me connaissent bien pourront mesurer l’ampleur de la chose, samedi matin à 10h, je n’avais même pas encore commencé à préparer mes affaires pour la course…

Arrivé à Wissant en fin d’après-midi samedi j’ai juste eu le temps de récupérer mon dossard avant la fermeture du village, un petit tour vers la plage et direction l’hôtel pour un repos bien mérité.

Dimanche matin, je réalise même l’exploit d’être fin prêt un bon quart d’heure avant le départ de la course !! et non, pour une fois je ne serais pas le dernier à me présenter sur la ligne de départ ! J’aurais même le temps de prendre la pose pour une petite photo aux côtés de Thierry Breuil…

depart-cote-opale

Récit de mon Trail de la Côte d’Opale :

Le temps est frais et légèrement couvert et c’est avec quelques petites minutes de retard que le départ sera donné sur la plage. Dès le premiers mètres je me positionne aux alentours de la 15ème place, dans le peloton de tête.

Après un premier kilomètre assez rapide, à près de 15 km/h je me cale sur mon rythme, sans me soucier de ce que font les autres. A ma grande surprise, non seulement je ne me fais pas distancer, mais je remonte sur la tête, puis quelques centaines de mètres plus loin, voilà que je me retrouve en première position !! Une grande première pour moi sur une épreuve de cette envergure !

Je suis bien conscient que ce ticket de sortie ne durera pas bien longtemps, juste le temps pour les leaders de lancer l’offensive. Je continue sur mon rythme,… et mon avance augmente encore un peu, me voilà maintenant avec quelques longueurs d’avance sur le peloton ! Ce moment exceptionnel durera pratiquement 2 kilomètres avant que les cadors ne reprennent les commandes de la course.

Malgré tout, je reste encore dans le sillage des premiers jusqu’au pied du Cap Blanc-Nez que j’aborde aux environs de la 15ème place. Je m’attends à prendre cher dans la côte, mais là encore, je me maintiens bien et ne perds que 4 places dans la montée pour me retrouver 19ème en haut du Cap.

La descente qui suit se fait tambour battant, avec des pointes à plus de 16 km/h, je reviens sur les concurrents qui m’ont doublés dans la montée et me retrouve de nouveau aux environs de la 15ème place. Cela n’a cependant pas grande importance, l’essentiel n’étant pas la place mais la gestion de la course, et raisonnablement je réduis l’allure dans la côte suivante.

Comme souvent, je dois laisser filer quelques concurrents dans les montées et je recolle ensuite dans les parties plus descendantes. Malgré mes tendons qui me chatouillent un peu, je suis bien et gère sans difficultés ce début de course qui défile à grande vitesse. Je suis un peu en avance sur mes prédictions et suis en route vers une bonne performance. Je passe au semi-marathon en un peu moins de 1h44′ aux environs de la 22ème place, sur une excellente base pour moi, surtout que nous avons déjà avalé les 4 plus grosses côtes du parcours !

Au km 22, premier ravitaillement, juste le temps de refaire le plein et je repars à l’assaut de la 5ème et dernière grosse ascension. Je temporise un peu, prend le temps de manger et passe la majeure partie de la côte en marchant. Je me fais alors doubler par un petit groupe qui comprend la première féminine et me retrouve 28ème. Je ne suis pas inquiet, je me dis alors que le la rattraperai plus tard… mais en réalité je ne la reverrai jamais !

Nous abordons alors une partie plus roulante qui nous ramène vers Wissant, j’en profite pour rattraper quelques concurrents, mais à chaque fois que j’en dépasse un, un autre coureur revenu de l’arrière me dépasse à son tour dans les instants qui suivent !! Ce scénario se répétera plusieurs fois, si bien que je me maintiens toujours aux environs de la 28ème place !

Vers le 30ème kilomètre, après avoir contourné le village de Wissant, nous abordons le premier secteur de dunes, sur environ 1,5 km, l’occasion pour moi de temporiser un peu et de reprendre mon souffle, malgré tout, je m’en sors mieux que l’an passé, et ne souffre quasiment pas dans ce secteur pourtant difficile. C’est de bonne augure pour la suite !

A la sortie des dunes, je commence à  me faire rattraper par les concurrents du 42 kms, partis 1h30 après nous. Etonnament, ils ne vont pas beaucoup plus vite que moi, et je parviens par moment à m’accrocher dans leur sillage et bénéficier ainsi d’un soutien improvisé.

Après un bref passage dans les terres, nous repartons en direction de la plage et des falaises, ces fameuses falaises, si difficiles à franchir en fin de course ! Nous aurons cette année la ‘chance’ de les passer dans les deux sens : double dose de ‘plaisir’ au programme donc !

Nous gagnons également un passage supplémentaire par la plage, mais heureusement, la marée est suffisamment basse pour que nous puissions évoluer sur un sable suffisamment dur, et surtout éviter de courir dans les graviers. Je poursuis progressivement ma remontée dans le classement et gagne quelques places, je ne sais plus exactement où je me situe dans la course, mais je dois évoluer maintenant aux alentours de la 22ème place. Avec cette succession de difficultés, mon rythme à un peu diminuer, mais néanmoins je passe le marathon en 3h33 environ.

Le passage au marathon marque également le deuxième ravitaillement au Fort d’Ambleteuse. Un arrêt éclair me permet encore de grappiller quelques places, et me voila parti à l’assaut des 20 (21,5) derniers kilomètres de la course. Même si le profil n’est pas très vallonné, je sais par expérience qu’il s’agit de la partie la plus difficile de la course, celle où tout se joue, se gagne… ou se perd !

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Encore environ deux kilomètres de répit avant d’aborder les fameuses, et terribles, dunes de la Slack, celles qui vous cassent le rythme et vous rendent ensuite la fin de course si pénible. Cette année, nous les abordons en sens inverse des éditions précédentes. Elles me semblent moins difficiles dans ce sens, néanmoins, c’est en marchant à un rythme assez faible que je franchis la première dune, me faisant par la même occasion rattrapé par un autre concurrent plus à l’aise que moi.

La deuxième, après le passage de la départementale, est tout aussi difficile, mais je sais qu’une fois en haut, le plus dur sera fait,… alors je prends mon mal en patience. Je me fais rattraper par des concurrents, mais ceux-ci sont sur le 42kms, donc sans danger pour moi.

J’alterne marche et course tout au long de ce cordon de dunes et finis enfin par en voir le bout, mais une petite faute d’inattention et voila que je trébuche sur une souche, et m’étale joliment dans la poussière ! Plus de peur que de mal, même si l’un de mes orteils s’en souvient encore, je repars aussitôt et poursuis ma course.

Le passage dans les dunes à laissé des traces, la chaleur et la fatigue commencent à se faire sentir. Si sur les portions planes ou descendantes je parviens à maintenir une allure raisonnable, cela devient de plus en plus compliqué dès que les chemins s’élèvent, ne serait-ce qu’un tout petit peu.

Au cinquantième kilomètre nous empruntons la partie commune du parcours, ce qui nous permet de croiser les concurrents qui arrivent dans l’autre sens, l’occasion pour moi de croiser mon pote Philippe qui m’accompagnait dans cette aventure. Par endroit, le chemin est assez étroit et sans visibilité, ce qui rend les croisement un peu périlleux, surtout lorsque l’on se retrouve nez à nez avec un gros chien qui était venu voir ce qui se passait par là !!

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Nous voilà maintenant de retour sur cette partie que je redoute tellement : les falaises qui doivent nous emmener vers le Cap Gris-Nez. Le dénivelé est bien moins important que du côté du Blanc-Nez, cependant le chemin est une succession de montées et de courtes descentes parsemée de nombreux escaliers ! Malgré mon manque de fraîcheur, je reviens sur des concurrents du 42kms mais ne parvient pas à les distancer, nous ferons ainsi quelques kilomètres ensembles. Au moins je ne me sens pas trop seul !

Arrive alors, environ au 54ème kilomètre, une montée un peu plus prononcée que les autres. Si jusque là j’avais plutôt bien géré mon affaire, cela se gâte un peu. Je ressens quelques nausées, prémisses d’une déshydratation déjà bien prononcée. Je suis alors contraint de couper mon effort, il ne m’est plus possible d’avaler grand chose et la seule solution est de lever le pied, et d’attendre que cela passe !

Je me fais immédiatement dépassé par les concurrents du 42 que j’avais doublé peu avant, mais rien d’alarmant. Un concurrent du 62, bien plus frais que moi, me rejoint et me dépose sur place. Je m’attends alors à vivre une fin de parcours pénible, à voir d’autres concurrents en faire de même et anéantir mes efforts.

Mes jambes sont lourdes et je dois être très vigilant à chaque pas, une fois en haut de la côte, j’aperçois au loin le Gris-Nez, il doit me rester 2 kilomètres pour l’atteindre. Une fois là haut, le plus difficile sera fait ! Je me force à relancer, dans la petite portion descendante, je refais la jonction sur mes camarades du 42. Ils me serviront de support encore pendant quelques kilomètres, me lâcheront dans les côtes et je les rattraperai dans les descentes.

Même si l’équilibre est encore précaire, le plus gros de l’orage est passé, je parviens de nouveau à trottiner dans les côtes et à reprendre un rythme acceptable dans les descentes. J’arrive enfin au Gris-Nez, je vais pouvoir respirer un peu dans la descente avant d’aborder la dernière petite côte qui sera suivie du dernier cordon de dunes avant la plage.

Les kilomètres me paraissent interminables, je m’attends à tout moment à me faire rattraper par un autre coureur. Hanté par cette idée, je donne tout ce que j’ai,… enfin ce qu’il me reste, à savoir pas grand chose ! Personne ne me rattrape et je parviens ainsi à rejoindre la plage. La mer est encore basse, mais le sable est assez mou et un fort vent de face ralenti considérablement ma progression.

J’aperçois au loin le village, mais il est encore loin ! au moins deux bons kilomètres à luter contre le vent ! Chaque pas est une souffrance, un combat, j’ai l’impression de faire du sur-place ! Mais ce ne doit être qu’une impression, car je reviens fort sur les gars devant moi, en grande majorité des coureurs du 42. Puis, à ma grande surprise, je rattrape un coureur avec qui j’avais brièvement discuté en début de course, il est à l’agonie, je le laisse sur place. Quelques centaines de mètres plus loin, je rattrape un autre coureur ! Guère plus en forme que le premier !

Cela me redonne un peu le moral, il doit maintenant rester 1500m avant l’arrivée, il y a beaucoup de monde, nous rejoignons l’arrière du peloton du 31 kms, et je double encore énormément de coureurs, mais aucun du 62 !

Derniers mètres sur la plage, montée de l’escalier et une foule immense qui est là pour nous applaudir. Ne sachant pas où j’en suis, ni devant, ni derrière, je ne relâche rien, je serre les dents et poursuis sur ma lancée, du mieux que je peux. Que le remblai me semble long avant d’atteindre le dernier virage !

Dernier virage, plus que 300m à parcourir en traversant une foule dense qui applaudit et encourage tous les coureurs, je me laisserai bien aller à les saluer tous un par un, mais je ne peux pas prendre le risque de voir un concurrent revenir de l’arrière. Ce moment est à la fois magique et interminable, il est temps que cela se finisse !

Je franchis la ligne d’arrivée en 5h50’17”, à ce moment je ne connais pas encore ma position, je pense être aux alentours de la 20ème place, mais sans certitudes. Le plus important maintenant est de reprendre mon souffle, et d’aller à la douche pour me rafraîchir, on verra le classement plus tard !

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C’est un bon moment plus tard, une fois changé, et un peu plus frais, que je découvre mon classement : je termine à la 18ème position !! Depuis le temps que je voulais accrocher un top 20 sur une manche du TTN… Voilà qui est fait ! Je n’en reviens quasiment pas, malgré une fin de course difficile où j’aurais pu tout perdre, j’ai réussi à trouver les ressources nécessaires pour remplir mon objectif !

La récupération vas être plus longue que prévu et je vais probablement payer ces efforts lors du Championnat de France, mais je suis heureux d’avoir accompli cette belle performance !

Je remercie Péline qui m’a accompagné dans cette aventure, m’a encouragé et assisté sur les ravitaillements, c’est un peu aussi grâce à elle que je suis arrivé au bout !

 Résultats du Trail de la Côte d’Opale 2014 :

Résultats du TCO 2014

 Quelques photos supplémentaires :

 


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